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Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac]
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Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Mer 11 Mar - 18:20

7ème jour - 2ème mois - An 1000

L'entretien que la belle Éléanor avait eu avait la Reine était pour le moins intense.
Une fois que la Reine eut pris congé d'elle pour retourner à son bureau, Éléanor avait senti son cœur battre à tout rompre. Elle pensait qu'elle allait perdre connaissance tant elle se sentait comprimée. Pourtant elle était à l'extérieur sur les remparts et elle avait toujours autant besoin d'air. Elle décida de prendre possession des appartements que sa Majesté lui avait proposés d'occuper. Ainsi, elle suivit l'intendant qui l'accompagna dans un dédale de couloirs, d'escaliers en colimaçon et de passages. Le petit homme fin s'arrêta alors devant une porte et l'ouvrit, invitant ainsi son illustre invitée à entrer. Il l'avertit qu'il allait lui envoyer les femmes de chambre afin de l'aider à s'installer mais Éléanor était venue sans bagage. Elle le remercia en lui répondant que ce n'était pas la peine et inspecta les lieux.

La pièce était plutôt lumineuse et les vitraux laissaient entrer de la lumière colorée, ce qui ravit la jeune duchesse. Elle s'installa quelques temps sur le lit et laissa ses pensées vagabonder.
Quel tort elle avait eu ! Très rapidement ses pensées troublées l'assaillirent et elle retrouva cette sensation d'étouffement. Voici une heure qu'elle avait décidé de se reposer dans ses appartements et l’oppression se faisait toujours aussi forte dans sa poitrine. Puisque c'était ainsi, elle allait voir si elle pouvait se montrer utile. Elle avait vu beaucoup de réfugiés démunis dans la cour du château. Elle allait voir s'il était possible de leur venir.

Elle tentait de se retrouver dans ce dédale de couloirs jusqu'à un croisement. Quel chemin avait-il pris déjà ? La gauche ou la droite ? Elle ne savait plus...
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Jeu 12 Mar - 8:34
Thibault déambulait dans les couloirs du château, errant en quête de réponses à une multitude de questions qui le taraudaient. Sa rencontre avec la Reine n'avait pas aboutit à ce qu'il espérait, et il était frustré, et que dire de ses retrouvailles avec sa mère. Il avait été heureux de la revoir, vivante, mais la mort de son père pesait très fort sur elle, et son état de santé n'était pas au beau fixe. Le pire dans tout cela, c'est qu'en lui amenant la bonne nouvelle de la survivance de ses deux filles, son benjamin, et lui même, il lui avait annoncé la disparition de ses deux ainées. La souffrance qu'elle avait dégagé en l'apprenant, ce cri de désespoir qu'elle avait relâché avait vidé Thibault au plus profond de lui même. Malheureusement, il n'avait pas le luxe de pouvoir s'appesantir longuement, il devait trouver l'énergie pour aller de l'avant pour les survivants, et le Duché qu'il avait maintenant en charge. D'autant que pour lui, ses deux frères, tout comme son paternel, n'étaient pas dans son cœur. L'on pourrait penser que cette idée était ignoble mais c'était ainsi, il aurait été plus écroulé de la disparition de sa sœur cadette, ou son dernier frère. C'était le chagrin de sa mère qui l'avait miné.

Il marchait donc sans vraiment faire attention à sa destination, il avait un bon pas, avançant rapidement, sans toutefois regarder où il allait. Soudain, au détour d'un couloir, il heurta quelqu'un, le faisant chuter. Aussitôt, il revint à l'instant présent

"Hoo pardonnez moi, je suis confus"

Il se baissa pour aider la femme, parce que c'était une personne du beau sexe qu'il avait fait tomber. Il l'aida à se relever, puis quand elle replaça ses cheveux en arrière, il se dit qu'il avait déjà vu ce visage. Rapidement, il se souvint alors de la propriétaire de celui-ci. Il s'agissait d'Eléanor, la fille ainée du Duc d'Erzac. Il s'en rappelait bien pour l'avoir vu à plusieurs reprises, lorsque sa famille se rendait dans le sud, ou quand ils recevaient la sienne dans le nord. Il était difficile d'oublier cette frimousse car elle était sans doute la femme la plus jolie qu'il ait vu de toute sa vie.

"Eléonor, bonjour, que faites vous ici ? je ne savais pas que vous étiez dans ces murs ou je serais venu à votre rencontre"

Il se rappela également du vieux pacte qui unissait le sud et le nord, et du fait qu'elle était fiancée à Arnaud. Il allait encore une fois être porteur d'une mauvaise nouvelle en lui apprenant le décès de celui-ci. Il se rappelait quand ils étaient enfants, elle était si calme là ou lui était turbulent, un vrai garnement toujours à la recherche d'une bêtise à faire, esprit libre malgré son statut de noble. Ils avaient eu quelques belles discussions, et il se souvenait de quelques fois ou elle l'avait couvert, mentant pour qu'il ne soit pas prit. Ils étaient trop jeune pour qu'il jalouse son frère d'épouser une femme aussi belle, et cela faisait maintenant plusieurs années qu'ils ne s'étaient pas vu, Thibault ne suivant plus sa famille, et étant souvent absent de la capitale du nord depuis qu'il avait entamé son apprentissage de Commandant d'armée. Il se demandait si la famille d'Eléanor était la également, ou si elle avait souffert du cataclysme comme la sienne. La Reine avait donc enfin eut des nouvelles du Duché du sud, elle qui avait demandé à Thibault s'il en avait pas plus tard que la veille. Il avait pleins de questions à lui poser, mais il préféra la laisser déjà récupérer du fait qu'il l'avait fait tomber

"J'espère que je ne vous ai pas fais mal ?"

Il ne parla pas non plus des disparitions au sein de sa famille, et du fiancé de celle-ci, il se doutait qu'ils allaient très rapidement aborder le sujet.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Jeu 12 Mar - 12:10
Alors qu'elle cherchait son chemin, Éléanor fut renversée totalement par un malotru qui ne regardait pas où il allait. Elle se retrouva à terre, comme si elle n'était qu'un vulgaire chiffon de poussière. Immédiatement l'homme se confondit en excuses et l'aida à se relever. La belle dame du sud pestait tout en époussetant les pans de sa robe, couverts de poussière et de saletés.

- Regardez donc où vous mettez les pi... THIBAULT ! C'est bien vous ?

Elle avait écarquillé ses yeux en voyant qui l'avait ainsi bousculée et n'en revenait pas. Thibault de Clairssac lui faisait face. Sans même lui laisser le temps de s'écarter, elle caressa avec une tendresse amicale, presque maternelle, son beau visage qu'elle avait bien connu jadis. Ses yeux s'emplirent alors immédiatement de larmes, preuve de son émotion à l'idée de retrouver le jeune homme mais surtout un être cher. Elle le serra immédiatement contre elle sans prendre garde à la bienséance ou quoi que ce soit d'autre. Elle était simplement tellement contente de le savoir en vie car si lui l'était, peut être que le nord ne souffrait pas autant que le sud. Son fiancé devait alors être également en vie. Elle avait tant craint pour lui que des larmes avaient coulé le long de ses joues à plus d'une reprise.

Elle reprit ses esprits lorsque le jeune homme qui lui faisait face prononça son nom. Elle s'écarta alors un peu afin de maintenir la bienséance si d'aventure, ils venaient à être surpris. Elle ne voulait pas créer un scandale.

- Je sors d'une audience avec sa Majesté. Je ne m'attendais pas à vous voir non plus à vrai dire. J'imagine que ce n'est pas seulement une question de coïncidence.

Un sourire triste alors s'afficha sur le joli minois d'Éléanor. Comment évoquer des souvenirs aussi pénible. Elle sortit de ses pensées quand il lui demanda si elle n'était pas blessée. D'instinct Éléanor s'inspecta elle-même, comme si elle était incapable de ressentir la douleur et que seuls ses yeux allaient lui indiquer s'il y avait une blessure ou non.

- Non merci beaucoup, je vais bien. Enfin... je crois.

Elle lança alors un petit sourire amusé qui redevint immédiatement sérieux quand une patrouille de la garde passa près d'eux. Elle se recula sur le côté et incita le jeune homme à en faire de même en le prenant par le bras pour le tirer à elle. Elle regarda les gardes passer en inclinant sa tête pour les saluer. Elle incita alors Thibault à continuer leur route en initiant le mouvement.

- Comment se porte donc votre famille Thibault ? Vous êtes venus à plusieurs à Fort-Espérance ?

Elle attendit avec intérêt la réponse de son ami d'enfance. Ils avaient beaucoup partagé tous les deux. Éléanor avait toujours eu beaucoup d'affection pour Thibault. Jeunes, il faisait beaucoup enragé ses parents mais la jeune femme avait rapidement compris que c'était plutôt pour attirer l'attention de son paternel ou se venger de l'indifférence dont il pouvait faire preuve à son égard que simplement pour s'attirer des ennuis car c'était systématique : il se faisait toujours punir. Il est arrivé que parfois je le couvre afin qu'il ne se fasse pas prendre mais c'était plus à l'adolescence alors que Thibault laissait exprimer son côté rebelle. Avoir été très tôt fiancée à son frère aîné avait fait que la famille Erzac et Clairssac avaient souvent été amenées à se rendre visite pour laisser les deux enfants apprendre à se connaître et faire naître quelques sentiments. Éléanor avait certes développé assez facilement une amitié sincère avec les sœurs de Thibault mais également avec les plus jeunes membres de la famille, les aînés étant trop pris par leurs responsabilités et peu enclins à passer du temps avec elle quand ils en avaient. Exception faite d'Arnaud bien sûr qui consacrait quelques moments à sa fiancée, échangeant avec elle sur sa vision de leur avenir et ce qu'ils souhaitait faire du duché quand ce serait à son tour de monter sur le trône ducal. De toutes ses confidences, elle n'en avait jamais rien dit et avait toujours développer une sorte de devoir envers lui de taire ses projets et ses pensées quand il les lui confiait. Elle espérait très sincèrement le retrouver en cette occasion mais elle ne s'était pas laissée espérer jusque là. Croiser Thibault lui donnait espoir.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Jeu 12 Mar - 13:36
Thibault n'était pas habitué à recevoir des gestes d'affections, particulièrement depuis qu'il était adulte, outre sa mère, sa sœur cadette, ou encore son frère benjamin, c'était déjà rarissime. il fut donc très surpris lorsque la douce main d'Eléanor se posa délicatement sur sa joue pour la lui caresser. Enfant, il se rappelait quelques "écarts" à la conduite entre eux deux, mais encore une fois c'était surtout parce qu'ils étaient enfants, alors que dire lorsqu'elle le prit dans ses bras. Un peu maladroit au départ, il la serra fort contre lui, d'autant qu'il avait vu les larmes qu'elle versait, et il se devait de la réconforter...avant de lui briser le cœur. Après avoir repris une distance de bienséance, elle se mit alors à parler. Ainsi elle avait rencontré la Reine, et le "Je" qu'elle employait pour parler de l'audience surprit Thibault qui commença à se dire que le sud n'avait pas été épargné. Cela n'augurait rien de bon, mais il la laissa parler, peu pressé de lui parler du nord. Une patrouille vint à sa rescousse quand Eléanor le prit par le bras pour le mettre sur le côté, laissant passer les gardes. Depuis la veille, Thibault avait reçu une grande leçon de politique de la part de la Reine, aussi en tant que Duc il ne salua pas les soldats qui passaient, il ne manqua pas pour autant de les dévisager, pas méchamment, mais simplement pour voir s'il trouvait des traces sur leur comportement de ce qu'il se passait. Il fut ramené à la réalité lorsque bien entendu, Eléanor lui demanda s'il était venu seul, ainsi que des nouvelles de sa famille. Elle commença à remarcher comme une simple promenade, mais la question, et les réponses à venir, nécessitaient plus d'attention. Ce fut à lui de la prendre délicatement par le bras, puis par la main pour l'amener dans la direction qu'il souhaitait

"Eléanor, ce n'est pas un endroit pour parler, suivez moi s'il vous plait, trouvons un endroit plus propice"

Il l'amena alors, silencieusement, vers ses quartiers. La bienséance aurait voulu qu'il l'emmène ailleurs, ou qu'un chaperon les accompagne, mais Thibault n'y avait même pas réfléchit. Il ouvrit la porte de son antichambre, et il l'amena jusqu'à un canapé qu'il lui désigna pour s'assoir. Lui même s'assit à côté d'elle, alors qu'il aurait du prendre un autre fauteuil pour garder une distance, mais il s'en moquait, et n'y songeait absolument pas

"Avant de vous demander des nouvelles du sud, je vais répondre à vos questions"

Il la regardait droit dans les yeux, son regard émeraude plongé dans celui d'azur d'Eléonor, et il lui prit les mains dans les siennes

"Je ne sais pas si le sud à été touché par le cataclysme qui a frappé, mais vu que votre père se trouvait au couronnement, vous devez être au courant"

Il ne savait pas non plus si elle était venue du sud, ou si elle était au couronnement et qu'elle était à Fort-Espérance depuis le cataclysme. Autant de réponses qu'il aurait sans doute plus tard

"Je suis venu seul, mais ma mère se trouve ici depuis la catastrophe qui a frappé le Royaume lors du couronnement. Elle est blessée, et la Reine à proposé de s'occuper d'elle durant sa convalescence. Mon père est malheureusement décédé durant ce drame"

Il marqua une pause avant de recommencer, la voix étonnement calme bien que basse, un peu plus haute qu'un murmure, mais à peine

"Le nord n'a pas été épargné, nous avons également été frappé de plein fouet par les tremblements de terre, et une immense vague. Roland est mort dans l'écroulement d'une tour, Mathilde, Héloïse et Hugo vont bien, ils sont à Rochenoire où ils attendent mon retour."

Eléanor connaissait Rochenoire pour y avoir suivit sa famille lors de quelques chasses organisées dans les monts. Roland était le second de la fratrie, il lui restait à annoncer le décès d'Arnaud, qui était le fiancé de la belle. Sa mort ne le touchait pas fortement, pourtant elle ne le laissait tout de même pas indifférent, mais la fêlure dans sa voix était surtout par rapport à Eléanor. Il lui serra les mains plus fort pour la réconforter et la soutenir

"Arnaud se trouvait dans la capitale, il y été resté pour gouverner durant l'absence de notre père qui s'était rendu au couronnement. La vague frappa la cité de plein fouet...il...il...il n'a pas survécu Eléanor, je suis navré"
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Jeu 12 Mar - 17:42
Éléanor, se laissa guidée par son ami d'enfance. Si sa réputation le précédait, elle le connaissait suffisamment pour savoir que beaucoup de choses avaient été inventées ou modifiées de sorte à le faire passer pour pire qu'il n'était. Thibault ne s'était jamais montré méchant envers elle de sorte qu'elle se laissait guidée sans trop se sentir dans le devoir de s'inquiéter ni pour sa sécurité, ni même pour son honneur. Elle l'avait toujours considéré comme un frère, ce que du reste, il était censé devenir dans un avenir plus ou moins proche.

Il la mena ainsi jusqu'à ses appartements et l'invita à s'asseoir sur un canapé où il s'assit près d'elle. Si le jeune de Clairssac n'était pas un grand habitué de l'étiquette, il avait toujours fait attention à ne pas se mettre dans une situation où on pourrait lui reprocher d'avoir pris l'honneur d'une dame. Ce devait être donc grave pour qu'il ne prenne ici aucune précaution. Ce détail aiguisait l'inquiétude de la belle brune qui l'écoutait avec attention.

- Je suis en effet bien avisée car toute notre famille était présente. J'étais d'ailleurs étonnée de n'y voir que tes parents. Les gens ont jasé sans toutefois trop s'y attarder compte tenu des circonstances. Dès que la Reine a été évacuée, nous avons pris la route du sud avec notre carrosse, de sorte que nous sommes arrivés après la gigantesque vague qui a frappé le sud. Nous avons été très chanceux qu'il ne nous arrive rien et d'avoir ainsi pu conserver nos chevaux.

L'annonce de la mort du duc de Mervouinnes l'attristait, d'autant plus qu'il s'était toujours montré fort agréable envers elle (ou peut-être n'était-ce qu'une façade ? Elle ne s'en était alors jamais rendu compte). Elle allait compatir à la tristesse de Thibault quand ce dernier continua le flot des nouvelles. Alors elle se tut et l'écouta avec attention et une crispation notable dans ses mains qu'elle lui avait abandonnées.

C'est après lui avoir annoncé qui avait survécu ou non que le couperet tomba pour Éléanor. Alors son fiancé, son bien aimé, n'était plus. La crispation que l'on pouvait sentir alors dans ses mains jusque là n'était plus, ses mains devinrent molles et ses yeux s'embuèrent de larmes. Elle aurait voulu ne pas y croire mais s'il y a bien une chose que Thibault de Clairssac n'avait jamais fait envers elle, c'était de mentir. Elle ne pouvait douter de la sincérité de ses paroles, d'autant plus qu'il savait combien cette annonce lui ferait de la peine.

Dans un élan de fierté, Éléanor se leva et se dirigea vers l'une des fenêtres de l'anti-chambre. Les larmes coulaient le long de ses joues couleur pêche. Elle regardait au-dehors les arbres dont les branches n'avaient plus une seule feuille. Peter, son père et maintenant Arnaud... Décidément ce Cataclysme lui aurait tout pris en plus de rabattre des cartes déjà bien jouées. Elle passait de promise d'un futur héritier à duchesse d'Erzac, ce qui allait changer bien des choses. Elle ne se sentait pas l'âme d'un leader et encore moins d'une terre aussi importante et précieuse que le duché du sud d'Estéria. Beaucoup de choses allaient désormais reposer sur ses épaules. Éléanor avait toujours pensé qu'elle pourrait alors s'appuyer sur Arnaud qui avait été bien formé à ce qui l'attendait mais maintenant qu'il n'était plus... qu'allait-il advenir d'elle ? Allait-elle mener le duché à sa perte ?

Alors petit à petit, les pensées se formèrent... Le duc de Mervouinnes était mort ainsi que ses deux fils aînés... Thibault était le troisième garçon de la famille, ce qui faisait de lui légitimement l'héritier de son père et... le nouveau duc de Mervouinnes au même titre qu'elle était devenue désormais Duchesse d'Erzac... Ils n'étaient donc plus désormais de futurs frères et soeurs mais de futurs époux en vérité car quoi qu'il arrive, le traité devait être maintenu par ordre de la couronne... Oh mes ailleux !

À cette idée, elle écarquilla les yeux, presque horrifiée. Soudain, comme souhaitant chasser ces pensées, elle se souvient que si Thibault avait annoncé des nouvelles, elle se devait en retour d'annoncer celles venant du sud. Elle essuya ses larmes, qu'elle ne manquerait pas de verser de nouveau plus tard, dans l'intimité d'un moment solitaire et revint s'asseoir d'un pas lent et hésitant, sur le canapé où un Thibault visiblement inquiet l'étudia du regard.

Il n'était pas sans connaître l'affection de la belle enfant pour son frère à qui elle était promise. Il fallait dire qu'avoir été fiancée dès sa naissance à l'aîné des Clairssac l'avait aidé car elle eut ainsi l'occasion d'apprendre à connaître et de plus en plus à aimer son futur époux avec qui elle partageait ses pensées, ses secrets et ses convictions. Tous deux formaient une équipe mais maintenant qu'elle y pensait, jamais ils ne s'étaient montrés plus intimes que cela l'un envers l'autre. Aucun geste d'affection, aucun baiser voler. Rien. Éléanor s'était dit que cela viendrait peut être avec le temps, lorsque les préparatifs de leur mariage seraient engagés mais le Cataclysme avait tout remis en cause et visiblement, rebattu les cartes. Une fois assise, elle montra à Thibault d'un signe de tête que ça allait, qu'elle allait surmonter son chagrin avant de lui donner quelques nouvelles.

- Nous ne sommes pas en reste non plus dans le sud. La gigantesque vague qui nous a touché a totalement redessiné la carte de notre duché. La mer lèche pratiquement les murs du château de Wendennis maintenant. Si ce n'était que cela, nous aurions pu nous en remettre mais rapidement on dû supporter le pire, la maladie. Mon père a ordonné de commencer à enterrer tous les cadavres qui se trouvaient le long des côtes et qui à cause de la mer, commençaient à se décomposer. Peu de temps après, on entendit parler des premiers cas, la peste. Nous avons perdu mon père ainsi que Peter. Ma mère a décidé de nous confiner dans l'aile ouest du château qui est la seule encore habitable. Le reste du château a été totalement détruit.

Éléanor fit là une pause afin de laisser la nouvelle être digérée par son ami et d'une voix tremblante à cause des larmes qui l'assaillaient de nouveau, elle lâcha avec une sincérité et une émotion certaine :

- Thibault, qu'allons-nous devenir ?

Était-ce ainsi qu'ils étaient amenés à disparaître ? C'était donc ça la fin du monde ? Avaient-ils été si mauvais au point que les dieux les avaient punis de la sorte ? En cet instant précis, Éléanor se sentait perdue, démunie et terriblement seule.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Jeu 12 Mar - 21:06
Thibault apprit de la bouche d'Eléanor que toute sa famille se trouvait présente lors du couronnement et qu'ils avaient tous rejoints le sud en un seul morceau, voila une bonne nouvelle dans ce nombre incalculable de mauvaises. Il avait ressentit les mains de la belle se crisper, puis devenir molles alors qu'elle apprenait le décès de son fiancé. Les larmes lui montaient aux yeux, mais alors que Thibault cherchait comment faire preuve d'empathie pour la réconforter, elle se leva soudainement. Il en fit de même, la galanterie ne permettant pas à un homme de rester assis lorsqu'une femme se levait. Pour avoir discuté avec elle dans leur jeune âge, il savait qu'elle s'était attachée à Arnaud à force de le côtoyer, mais ce dernier, bien que faisant tout ce qu'il fallait pour lui faire la cours, ainsi que la conversation, avait gardé en tête que c'était la un mariage politique, et non d'amour. Quand on voyait la beauté d'Eléanor, et que l'on savait sa finesse d'esprit, tout comme sa bonne humeur, l'on ne pouvait que se dire chanceux d'être son fiancé, en plus de l'alliance que ce mariage fournissait. Mais Arnaud avait été élevé pour devenir Duc, et tout en étant respectueux, il avait préservé une certaine pudeur, pour ne pas dire distance, comme l'étiquette le voulait. De son côté, Thibault était à mille lieux d'avoir réfléchit aux conséquences de tout cela, et surtout qu'étant désormais le Duc en titre, il devait épouser l'ainée du Duché du sud. Il avait toujours attendu, sans pour autant y prendre gout, à ce que son père lui annonce un jour un mariage avec un bon partit, et il avait finit par laisser ça de côté, s'en moquant éperdument.

Il regardait les longs cheveux d'Eléanor, cascadant jusqu'au bas de son dos, réfléchissant toujours à la meilleure façon de la réconforter, un peu inquiet, quand elle se retourna en essuyant ses larmes. Il se rassit avec elle quand elle fut de retour sur la canapé, et elle se lança alors dans son récit. Le sud n'avait pas été épargné, et aux dires de la belle, c'était même pire puisqu'une bonne partie du Duché se retrouvait maintenant sous l'eau. Mais il y avait pire car la maladie se déclara, et son père prit la pire décision possible en faisant enterrer les corps. Le nord n'avait pas trop le soucis de la décomposition car le froid, qui s'était d'ailleurs intensifié, conservait dans un relativement bon état les corps. Toutefois, il les avait fait bruler, car c'était plus rapide, et il craignait justement les maladies. Ainsi quand Thibault avait cru au début toute la famille d'Eléanor saine et sauve, il apprit qu'enterrer les corps avait couté la vie à son père, ainsi qu'à son frère, faisant d'Eléanor l'héritière. La pauvre qui avait été élevé pour être une épouse devait voir le ciel lui tomber sur la tête alors qu'elle accédait au titre de Duc. Ils se retrouvaient bien dans cette situation, tous deux éduqués pour une autre tâche, et se retrouvant à la tête de tout, avec les responsabilités qui en découlaient.

Il entendit son appel au secours quand elle demanda ce qu'ils allaient devenir. Il lui prit la tête entre ses deux mains, ses pouces essuyant les larmes naissantes. Il la regardait dans les yeux, plongeant son âme dans celle d'Eléanor. Il fit alors une nouvelle entorse au protocole en la tutoyant, cela afin de marquer leur proximité, et la confiance qu'il y avait entre eux deux

"Je sais que tu es une femme forte Eléanor, reposons nous l'un sur l'autre pour franchir tous les obstacles qui se dresseront contre nous. Tu vas commencer par faire bruler tous les corps, cela évitera la décomposition, et la maladie reculera. Ensuite nous devons ouvrir une voix de communication entre nos deux duchés. Je ferais ce qui est en mon pouvoir pour te soutenir."

C'était de belles paroles, car il avait déjà beaucoup de choses à faire de son côté, qui se révélait pire qu'une montagne à franchir. Il était pourtant sincère. Il la ramena à lui pour la serrer très fort contre lui, et lui transmettre la force dont elle avait besoin. Thibault était très déterminé à redresser son duché, et en voyant l'état de la belle Eléanor, il ne pouvait pas ne pas répondre à sa détresse. Elle devait ressentir ses mains bien caleuses sur son doux visage suite au maniement des armes, mais quand on y réfléchissait, un guerrier semblait plus avisé qu'un politicien vu la situation dans laquelle ils se trouvaient

"Demande moi ce dont il te faut, tu me trouveras chaque fois que tu en auras besoin, j'en fais le serment"

Il avait enfouit le visage d'Eléanor sur son épaule, ayant lui même le sien dans ses cheveux, dans une étreinte des plus fraternelle. Encore une fois, à aucun moment il n'avait songé au fait que ce pacte le concernait maintenant au plus haut point.






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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Sam 14 Mar - 19:56
C’est les yeux plein de larmes naissantes qu’Éléanor plongea son regard dans celui de Thibault de Clairssac. Ses yeux verts pétillaient de vie et d’espoir face à ceux plein de tristesse de la belle. Elle le laissa de ses mains peu douces mais musclées et chaleureuses, parcourir ses joues pour la rassurer. Ses paroles dites avec une profonde sincérité et une intense conviction de sorte qu’ils touchèrent la jeune femme en plein coeur. Quoi qu’il se passait, elle n’était pas seule, elle avait un allié, un ami même, qui veillerait sur elle. Elle ne répondit à ces paroles que par un hochement de tête pour montrer qu’elle avait entendu et compris ce qu’il lui disait, ce à quoi il s’engageait. 

Enfin, elle le laissa la serrer dans ses bras et elle se sentait tellement soulagée de pouvoir se réfugier au creux de son épaule, sentir son odeur, découvrir sa chaleur. C’était enivrant, tellement même qu’alors qu’au lieu de cesser cette étreinte, ses lèvres vinrent doucement chercher celles de son nouveau protecteur et s’y poser avec maladresse tout d’abord mais avec une douceur infinie.

On pouvait dire bien des choses sur Éléanor d’Erzac et présentement, lui reprocher beaucoup. Après tout ne devait-elle pas se montrer digne et pleurer ce fiancé qu’elle avait perdu? Ne devait-elle pas se montrer plus en deuil que cela et pleure dignement son père et son frère ? Certes mais présentement, c’était la vie qu’elle buvait de ses lèvres scellées à celui qui représentait son nouvel avenir. Ce partenaire qu’elle allait devoir apprendre à connaître plus profondément encore qu’elle ne le connaissait car si elle avait des souvenirs d’enfance avec le bout-en-train qu’il était, elle ne savait rien de l’homme excepté qu’il se montrait d’une bienveillance immense envers elle. Pour le moment, au diable l’angoisse des épreuves à venir. N’avait-elle donc pas le droit à un petit répit quand il se présentait? Pourquoi se sentait-elle dans l’obligation de se justifier? Les hommes n’étaient-ils pas connus pour avoir une femme dans chaque village où ils se reposaient? Elle ne faisait pas de mal en plus puisqu’un pacte auquel ils ne pouvaient l’un et l’autre se soustraire liaient leurs vies désormais. Mais au fait, était-il seulement au courant de ce pacte?
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Dim 15 Mar - 0:11
L'étreinte s'éternisa, Thibault goutant à la chaleur de sa partenaire, lui envoyant toutes les bonnes ondes qu'il pouvait trouver en lui. Elle avait besoin de ce réconfort, et cette amie d'enfance, il devait la protéger. A aucun moment, il n'avait vu Eléanor comme quelqu'un d'autre que la fiancée de son ainé, avec qui il avait partagé enfant pleins de choses, c'était une étreinte fraternelle. Il n'était donc absolument pas préparé à la suite. Quand Eléanor commença à retirer sa tête de son épaule, il pensait qu'elle s'était calmée, et qu'ils allaient reprendre leur discussion, parlant de leurs morts, s’apitoyant l'un sur l'autre avec sincérité, et parler de l'avenir de leurs duchés. Il était à mille lieux de s'attendre à sentir la douceur des lèvres d'Eléanor sur les siennes. Et pourtant, c'est ce qu'il se passa, le surprenant comme jamais il ne l'avait été de sa vie. Il aurait dû l'en empêcher, reculer, se soustraire à ce baiser, parce qu'elle était promise à son frère, parce que c'était profiter de sa faiblesse, parce que c'était la bienséance, ou encore pour mille et une autre raison. Pourtant, cette douceur, et la maladresse qu'il ressentit, l'amenant à penser que c'était peut être son premier baiser ? tout cela, ainsi que sa beauté et les promesses que cela pouvaient annoncer, tout cela lui fit perdre toute notion de convenance. Il s'abandonna alors, lui rendant son baiser d'un second, plus appuyé alors qu'il mettait sa main droite derrière sa tête pour amener son visage contre le sien. Plus passionné, peut être en raison de ce qu'ils traversaient, laissant le désespoir derrière eux pour profiter de ce moment, de la vie qui les habitait contrairement à tous ceux qui étaient morts. Le gout des lèvres d'Eléanor, pulpeuse à souhait, étaient un pousse au crime qui ne permettait aucune résistance.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et le cerveau reprend souvent ses droits. Thibault aurait bien profité de la situation, mais l'on ne parlait pas d'une roturière la, mais bien d'une Duchesse, et amie d'enfance qu'il ne pouvait pas trahir alors qu'il venait à peine de lui promettre son aide. C'était abuser d'elle que de continuer, tout comme il ne voudrait pas qu'elle soit remplie de regrets par le suite, et qu'elle se sente trompée par celui qui était son ami, rompant tout lien avec. Il mit donc fin à leur second baiser, leurs visages restants tout proche l'un de l'autre, et il lui murmura presque à l'oreille

"Eléanor, que faisons nous la ? je ne veux pas abuser de la situation, et d'un moment de faiblesse que tu regretteras plus tard"

Bien que sachant pour le pacte, tout comme les fiançailles avec Arnaud, il n'avait pas du tout fait le rapprochement de leur situation actuelle, et qu'il était son nouveau promis.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Dim 15 Mar - 9:16
Si les mains de son vieil ami n’étaient pas des plus douces, il en était en revanche tout autre pour ses lèvres d’une douceur exquise. Éléanor goûtait avec délectation ce premier baiser comme on buvait de l’hydromel. Si elle avait fait preuve de maladresse, elle fut surprise de sentir son baiser lui être rendu avec plus d’appui et de passion. Elle s’abandonnait complètement dans les bras de celui qui, par la tragédie provoquée par les dieux, devenait ainsi son promis. La proximité de leurs corps, sa douce chaleur, ses bras autour d’elle, tout l’enivrait et par la tristesse de ce qui les entourait, elle perdait tout sens de l’étiquette. En vérité, cette proximité, ce délicieux échange était tellement bon, qu’elle n’y réfléchissait même pas. C’était donc ce pourquoi tant d’hommes et de femmes s’étaient jadis battus? Ce que l’on appelait l’amour, n’était-il fait que de cela?

Elle avait beau avoir été promise à Arnaud depuis leur enfance, jamais encore elle n’avait eu l’occasion de savourer la passion d’un autre pour sa personne. De ses lèvres, de cet échange de caresses, il lui montrait comment s’y prendre et elle se laissait totalement faire sous la passion que pour la première fois, un homme lui témoignait.

Il était bien loin le temps où, étant enfants, ils échangeaient des regards complices, ils passaient des heures à confronter leurs jugements sur des sujets avec une bienveillance fraternelle. Où elle mentait pour couvrir ses arrières quand ses bêtises risquaient de l’amener trop loin. Chaque fois qu’elle avait pu le protéger, elle n’avait pas hésité à le faire.

On disait de lui qu’avec les armes il avait également appris à savourer aussi bien l’alcool que les femmes. Elle n’avait jusque là, donné qu’un crédit tout relatif à ces rumeurs mais cette réputation de coureur de jupons, devenu de notoriété publique, lui avait collé à la peau comme le miel sur une abeille. Si son père s’en fichait, ça n’avait pas été le cas d’Éléanor et des frères et soeurs de Thibault qui avaient toujours trouvé que s’il en jouait avec amusement, cette réputation était bien loin d’être à la hauteur de l’homme qu’eux connaissaient.

Au contraire de bien d’autres, la belle du sud n’avait jamais jugé Thibault pour ce dont il avait l’air mais uniquement pour ses actes. Il s’était montré bien brave de supporter l’indifférence d’une partie de sa famille qui avait tout simplement choisi de ne pas s’occuper de lui. Il avait montré du courage dans ses faits d’armes et de l’honnêteté avec ses amis. C’était, au contraire de ce que pensaient les gens, un homme de grande qualité et qu’elle avait toujours estimé.

Mais tout ceci est un temps qui n’est plus et leurs destins étaient intimement liés. Si d’un côté ça la rassurait, de par la façon dont Thibault s’était engagé envers elle face à l’horreur de sa situation (elle ne doutait pas le moindre instant qu’il tienne parole), elle ne savait comment il prendrait d’avoir un fil à la patte à cause du pacte que les unissait plus intimement encore que des promesses.

Elle se sentit quelque peu frustrée qu’il cesse là ce moment de tendres mais peut-être avait-il raison de se montrer raisonnable pour une fois. Le visage proche du sien mais leurs bras toujours enlacés elle écoutait sa voie s’élever dans un murmure qui la réveilla complètement. Elle réalisa alors son abandon et, confuse, se leva d’un bond, mettant de nouveau de la distance en retournant à la fenêtre où un rayon de soleil dans cet hiver doux semblait vouloir percer les nuages.

- Je n’en ai pas la moindre idée. Pardonnez-moi Thibault, si je vous ai offensé. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris...

Lorsqu’il évoqua qu’elle pourrait regretter ce moment de faiblesse auquel elle s’adonnait et dont il ne voulait pas plus abuser, même si elle pressentait que ce n’était pas l’envie qui lui manquait, bien au contraire, elle réalisa qu’il lui manquait une donnée qui changeait beaucoup de choses. Elle ne savait pas comment l’aborder et comme chaque fois où ça lui arrivait, elle suivait alors le conseil qu’il lui donnait toujours, ne pas tourner autour du pot. Elle réfléchissait aux mots qu’elle allait employer tout en caressant ses lèvres du bout des doigts, savourant le souvenir de leur étreinte. Avant de lancer simplement.

- Comment se pourrait-il que je regrette un instant un moment passé avec l’homme auquel ma vie est sur le point d'être unie?

Voyant que la lumière ne parvenait que partiellement à lui et qu’il cherchait à assimiler de quoi elle pouvait bien être entrain de parler de façon si énigmatique, elle décida d’aller plus loin dans son propos, tout en se rapprochant de nouveau de Thibault et de lui pendre les mains à son tour. Elle se doutait que ce qu’elle allait lui dire risquait d’être une mauvaise nouvelle pour lui qui aimait tant sa liberté et qui en était déjà privé pour partie maintenant qu’il était duc et qui le serait encore plus par des fiançailles qui lui tombaient dessus.

- Voici des siècles nos deux familles se sont déchirées dans des guerres sans fin. En vue d’y mettre fin, la couronne obligea nos ancêtres à conclure une pacte qui lierait définitivement nos familles, nous empêchant ainsi de nous entre-tuer. Il fut ainsi décidé que génération après génération, l’aîné mâle du duché du nord, épouserait la première née du duché du sud et vice-versa. En cas de défaut de l’une des deux familles, celle-ci perdrait son duché qui reviendrait alors pour partie à la couronne et pour l’autre à la famille ennemie en dédommagement. C’est pourquoi depuis notre naissance Arnaud et moi étions fiancés sans que nous n’y puissions rien faire. C’est la raison pour laquelle nos familles s’efforcent à être si proches l’une de l’autre depuis des générations. Comme ce pacte n’est pas lié strictement à des individus, nous sommes tous en quelque sorte interchangeables. Avec la perte de cos deux frères aînés, vous êtes devenu l’aîné de votre famille Thibault, ce qui vous amène à hériter du duché d’une part mais du fait du pacte unissant nos famille, cela fait de vous également mon futur époux. Nous sommes donc fiancés.

Maintenant que les choses étaient lancées, elle n’avait aucune idée de la façon dont son ami et cousin allait réagir à cette annonce. Elle ne lâchait pas ses mains autant pour se rassurer elle-même que pour l’aider à passer le choc de cette découverte que jusque là, il n’avait pas assimilé.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Dim 15 Mar - 23:34
"Offensé ? tu ne m'as pas offensé du tout Eléanor, c'est moi qui dois s'excuser."

Le fait qu'elle se soit subitement levée marquait sans doute la fin de ce moment d'union entre les deux amies d'enfance devenus adultes. Il la regardait, sans aucun doute angoissée par ce qui venait de se passer. Elle ne lui pardonnerait peut être pas ce geste, pensant que c'était à lui de résister quand tout accablait la pauvre qui s'était laissée aller à l'impulsion du moment, profitant du réconfort qu'elle attendait peut être, il avait sans doute tout gâché. Il ne comprenait pas ce qu'elle était en train de lui dire, alors que son sourcil droit se levait devant l'interrogation qui arrivait

*Sur le point de s'unir ? mais que raconte t elle ?*

Bon il n'était pas totalement benêt non plus, et l'information faisait le chemin jusqu'à ce qu'il ne commence à imbriquer les pièces du puzzle de ce qu'elle lui révélait, et dont il était complètement passé à côté. Ce pacte, il le connaissait bien évidemment mais

"C'est Arnaud qui...normalement...c'est lui qui devait..."

Il bafouillait alors que ses mains étaient sans nul doute molles à son tour dans celles d'Eléanor, tout en prenant l'ampleur de la révélation qu'elle était en train de lui faire. En effet, Arnaud était mort, tout comme son second frère, et c'était maintenant lui l'héritier, lui qui était dorénavant le personnage principal de ce pacte entre le sud et le nord. Il devait bien avouer, à force de discussions avec la belle qu'il avait envié son ainé, lui qui ne faisait la cours à sa promise que par devoir, sans vraiment vouloir la comprendre, quand Thibault avait passé beaucoup de temps à parler avec elle lors de soirées, ou encore des journées pluvieuses où l'on ne pouvait rien faire, profitant de ses traits d'intelligence et d'humour.

Un certain temps passa sans qu'il ne dise rien, mais son cerveau fonctionnait à plein régime. Il s'était aussi remémoré qu'elle n'était plus que l'ainée, mais l'héritière également. Peut être que son nouveau titre, ainsi que la mort de son fiancé ouvrait de nouvelles perspectives pour la belle, et qu'elle ne désirait pas de ce troisième choix qu'était Thibault. Lui même s'était attendu à se retrouver marié bien évidemment, mais par un mariage politique bien évidemment, et en pensant qu'il ne trouverait pas le bonheur. La cataclysme changeait aussi beaucoup de choses, ça remettait tout en cause. Il se demanda si elle accepterait ce parvenu, propulsé là grâce à la mort de ses deux frères, et ce que cela engendrerait pour lui, qui était si épris de liberté. Enfin il resserra les mains de la belle, ayant décidé de la tester, à moins que ce ne soit la peur qui le pousse à dire cela, l'angoisse de ne pas être à la hauteur. Il repassa au vouvoiement

"Eléanor, je n'ai bien entendu pas oublié ce pacte, mais je n'avais pas réalisé que cela nous liait maintenant tous les deux. Maintenant vous n'êtes plus l'ainée des filles, mais la Duchesse en titre, et le cataclysme rebat les cartes. Peut être que vous avez envie de retrouver votre liberté, et de penser autrement, en mettant fin à ce pacte ? Si tel est le cas, je ne m'y opposerais pas, et nous pourrions demander son annulation à la Reine. Je ne sais pas comment elle réagirait, mais si nous y allons d'un commun accord..."

Il laissa sa phrase en suspend, il ne voyait pas Adélaïde refuser la fin de ce pacte si les deux Ducs étaient d'accord pour cela, mais on ne savait jamais avec elle. Il était maintenant suspendu aux lèvres de la belle Eléanor, ses yeux ne la lâchant pas un seul instant.





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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Lun 16 Mar - 10:59
Comme Éléanor le présageait, lorsque son ami d'enfance comprit enfin, cela lui provoquait un choc tel qu'il eut les mêmes réactions qu'elle lorsqu'il lui apprit la mort de son fiancé. Elle sentit ainsi ses mains devenir toutes molles dans les siennes à mesure qu'il prenait conscience des changements que ce cataclysme avait provoqué dans sa vie. C'est lorsqu'il lui serra de nouveau les mains qu'elle comprit que le chemin avait été fait dans sa tête et l'écouta avec attention, plongeant ses yeux bleus emplis de tristesse dans ces yeux verts animés d'une flamme de vie intense.

Ce fut à elle d'assimiler un moment la proposition qu'il lui faisait. Qu'est-ce que cela voulait-il donc dire ? Qu'il ne voulait pas d'elle ? Elle se sentit soudainement pâlir à son corps défendant. Elle n'avait jamais imaginé à vrai dire que ce pacte pouvait être levé. Du même coup, elle ne s'était jamais posée la question de savoir quel serait son choix si elle avait la liberté de choisir. Si politiquement cette alliance entre les deux duchés était intéressante, personnellement, elle n'avait jusqu'à maintenant jamais vu Thibault comme autre chose que son futur frère. C'est d'ailleurs parce qu'elle l'avait toujours vu comme un ami qu'ils avaient pu être si proches durant leur enfance. Elle s'était intéressée à lui d'abord afin d'être en bon termes avec sa belle-famille puis elle avait pris cet enfant qui avait à peu près son âge, en affection. Ils étaient rapidement devenus amis et passaient beaucoup de temps ensemble de sorte qu'à un moment, il fut rappeler à la belle Éléanor qu'elle était en visite chez eux pour se lier avec son futur époux et non avec ses frères, surtout celui-ci... Entre temps, il fut envoyé faire ses études militaires, ce qui avait solutionné ce qui pour leurs parents, était un problème. Elle n'avait jamais compris cette attitude. Ils étaient amis, rien de plus, ils ne faisaient aucun mal. Toutefois les apparences étaient fort importantes pour les Erzac, bien plus qu'Éléanor ne voulait bien l'admettre.

C'est, le regard déterminé cette fois et plongé dans les yeux de Thibault qu'elle lui répondit avec une légère fermeté, de celle des gens qui savaient parfaitement ce qu'ils voulaient :

- À moins que vous ayez trop peur pour votre propre amour de la liberté, ce que je peux comprendre, maintenir les accord de ce pacte scellé par nos ancêtres ne me gêne absolument pas. si vous ne voulez vraiment pas de moi comme vous semblez le suggérer et ce qui me peine, j'irai moi-même demander à la Reine l'autorisation de vous libérer de ce pacte qui semble plus représenter un boulet à votre patte qu'une ouverture sur un avenir plus joyeux.

En disant cela, Éléanor avait légèrement froncé les sourcils, preuve pour qui la connaissait, d'un mécontentement certain, voire qu'elle avait été blessée. Que l'on ne se méprenne pas, elle était sincèrement éprouvée par la mort de son fiancé. Ils avaient de grands projets ensemble pour le nord, projets qui ont été totalement balayés par le cataclysme. En outre, à mesure qu'elle s'était faite à l'idée qu'elle allait passer le reste de sa vie avec Arnaud, elle avait laissé une affection toute particulière se développer envers lui, même si de son côté, il ne lui avait jamais laissé penser que leur union n'était autre qu'un accord politique. Peut-être finalement, avait-elle eu tort, peut-être aurait-elle dû faire de même et ne pas laisser de l'affection se développer.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Lun 16 Mar - 13:38
S'il voulait juste la tester, et qu'il n'avait pas été dans l'ignorance sur ce qu'il désirait vraiment, prit au dépourvu, il ne fut pas épargné par la belle. Celle-ci après avoir mit plein de détermination dans son regard, et la fermeté de celles qui savent ce qu'elles veulent, commença à dérouler sa réponse, et quelle réponse. Eléanor semblait penser que c'était Thibault qui ne voulait pas d'elle, son ton était vindicatif, mais l'on sentait dans ses propos qu'il l'avait blessé, voir peiné. Ce n'était absolument pas le but recherché, et c’était son tour d'être également attristé par le sentiment qu'il avait envoyé à celle qui était devenu sa fiancée. Il la désirait parce qu'au final, même s'il perdait la liberté qu'il aimait tant, il savait qu'il devrait finir par se marier, et encore plus maintenant qu'il était devenu Duc, hors qu'elle meilleur parti pouvait il avoir ? Eléanor était même devenue Duchesse, mais même sans cela, au moins il la connaissait déjà, et ils s'entendaient fort bien, c'était la plus belle femme qu'il n'ait jamais vu, et en prime elle était intelligente. Il serait complètement stupide de laisser passer une chance pareille. Maintenant il devait trouver le moyen d'atténuer l'ouragan qu'il venait de déclencher, preuve une fois encore qu'il ne fallait pas mettre une dame en rogne.

A aucun instant, leurs regards ne s'étaient lâché, ni leurs mains, Thibault referma les siennes sur celles d'Eléanor tout en les amenant jusqu'à son cœur. Il mit dans son regard de la tendresse à l'égard de sa nouvelle bien aimée

"Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Si je vous concède que le mariage m'effraie un peu, surtout que je n'avais pas prévu de me fiancer aussi vite, je pensais surtout que c'était moi qui n'était pas assez bien pour vous !"

Le ton était ferme, prouvant qu'il ne tremblait pas alors qu'il avouait cela

"Si vous ne souhaitez pas mettre un terme à ce pacte, je ne le veux pas non plus. Et si vous acceptez de m'avoir comme fiancé, cela m'honore, sincèrement, et je serais ravis de devenir votre futur époux."

Il n'était pas facile de penser aux morts, mais il fallait aller de l'avant, et les vivants étaient plus important dorénavant

"Empruntons donc le chemin de la vie cote à cote, du moins si vous me pardonnez."

Il savait qu'il avait rompu l'instant de communion qu'ils avaient eut, mais il décida de tenter sa chance de nouveau, pour gouter une fois de plus les douces lèvres d'Eléanor. Il avançait donc son visage doucement vers celui de sa fiancée, espérant qu'elle ne le repousserait pas.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Lun 16 Mar - 18:09
Surprise, la belle Éléanor laissa le jeune homme poser ses mains contre son coeur et but littéralement ses paroles. Comment pouvait-il penser une chose pareille ? Thibault de Clairssac avec certes bien des défauts mais c'était un homme brave, altruiste et intelligent. Il avait de l'humour autant que de l'esprit. Alors certes, il n'avait pas été destiné à ce que la vie lui préparait désormais mais Éléanor ne doutait pas qu'ensemble, ils y arriveraient. Il l'avait toujours beaucoup rassurée, même étant enfant. Comme elle pensait beaucoup, elle se posait également beaucoup de questions qui finissaient le plus souvent par provoquer chez elle du doute et de la peur. Il avait toujours su avoir les mots qu'il fallait pour faire s'évaporer les nuages qui se créaient dans son esprit. On en avait une nouvelle preuve aujourd'hui.

Elle lui sourit et ôta l'une de ses mains, posée sur le coeur de Thibauld pour la déposer avec délicatesse sur sa joue que ses doigts parcouraient avec douceur.

- Contrairement à ce que l'on a pu vous faire penser durant toute votre enfance, vous avez beaucoup de valeur Thibault de Clairssac. J'ai toujours eu beaucoup d'estime et d'amitié pour vous.

Elle allia cette phrase prononcée avec sincérité d'un tendre sourire qui illumina légèrement son visage marqué par la tristesse d'avoir appris la perte de son ancien fiancé.

Alors qu'il avançait doucement son visage pour cueillir de nouveau un baiser de sa part, elle le laissa venir à elle et déposer ses lèvres sur les siennes. Toutefois cette fois était bien différente, pleine de tendresse et d'espoir. D'espoir en un avenir plus heureux que celui qui les attendait seul, chacun de leur côté. Elle répondait avec douceur à ce baiser qu'elle se voulait donner avec le coeur afin de lui signifier qu'elle était prête à partager cette route avec lui.

Le cataclysme et ses conséquences faisant, ils n'avaient pas le temps de s'épancher sur les morts mais mieux valait au contraire aller de l'avant et c'est le choix qu'ils faisaient ensemble visiblement.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Lun 16 Mar - 23:58
Le contact des doigts d'Eléanor sur sa joue était d'une douceur à damner. Thibault pencha la tête sur le côté pour accentuer la pression de la main de la douce contre sa peau. Peu de personnes avaient cru en lui, il y avait bien entendu sa sœur cadette et son frère benjamin, et ensuite son mentor Tristan, celui qui lui avait tout apprit. Il y avait également ses compagnons d'arme lorsqu'il avait prit la tête de troupes, mais ce n'était pas pareil. Les mots qu'Eléanor venaient de dire, la valeur qu'elle reconnaissait à Thibault, mais particulièrement quand elle énonça avoir beaucoup d'estimes pour lui, ainsi que de l'amitié, c'était des mots après lesquels il avait couru toute sa vie pour les entendre de ses pairs. Aujourd'hui, cela ne venait pas de son père, ni de quelques nobles d'importances, mais il s'en moquait, car venant de cette femme qui venait de devenir sa fiancée, ils étaient très forts, résonants à son oreille, et lui réchauffants le cœur plus qu'elle ne pouvait l'imaginer. Le sourire qui illumina le visage d'Eléanor valait bien des sacrifices, tous même, et il les ferait avec joie. Etonnement, il se dit qu'il ferait tout pour cette femme qu'il pensait voir finir avec son ainé, qui l'aurait sans doute nargué avec sa magnifique conquête quand ils se seraient croisés. Arnaud savait qu'Eléanor et Thibault s'appréciaient, tout comme il avait été témoin de quelques corrections qu'avaient reçu le garnement alors qu'on lui expliquait qu'il ne devait pas trainer avec la fiancée de son frère, surtout si c'était pour la pervertir. Il prenait là une belle revanche sur la vie alors qu'une chose à laquelle il n'aurait même jamais songé se réalisait.

Elle se laissa faire, et leurs lèvres se touchèrent de nouveau, tendrement, doucement, électrisant pour Thibault qui se délectait de leurs douceurs. Il gardait ce contact, ne voulant cesser ce baiser alors qu'après avoir lâché les mains de la belle, il passait ses bras autour d'elle pour l'enlacer et la serra contre son lui. Puis ce baiser se termina tout de même, et alors qu'il gardait sa poitrine contre son torse, il recula son visage pour la regarder intensément

"Ensemble, nous franchirons des montagnes, nous reconstruirons ce qui a été détruit, et nous ramènerons l'espoir en partageant le bonheur qui sera le notre avec notre entourage. Ce sera encore plus beau qu'avant"

Il enfuit son visage dans les cheveux d'Eléanor, puis parvenant à son cou, il y déposa un baiser langoureux.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Mer 18 Mar - 20:20
Comme c'était nouveau pour elle, de sentir ces mains d'hommes, larges et expertes parcourir ses formes à travers sa robe alors qu'ils échangeaient leur premier baiser en tant que fiancé. Ces caresses l'électrisaient et faisaient naître chez elle un sentiment nouveau et des plus agréables. Elle aurait souhaité que leur étreinte ne s'arrête jamais mais c'est ce moment que son désormais fiancé choisit pour lui faire une déclaration pleine d'espoir. Elle aurait aimé partager cet optimisme mais tant était à faire déjà et elle était loin d'oublier ses obligations.

Elle allait lui répondre quand ce dernier enfouit alors son visage dans ses cheveux pour déposer un baiser langoureux sur son cou qui l'enivra plus encore que les baisers hésitants qu'ils avaient échangés un peu plus tôt.

Elle avait tellement envie de le laisser poursuivre mais il fallait savoir raison garder. On pouvait les surprendre à tout instant et il leur fallait désormais aborder des questions essentielles pour leur avenir à tous les deux.

- Thibault, sans vouloir vous porter la moindre offense, je souhaiterai que pour le moment nos fiançailles restent secrètes.

Elle vit alors son fiancé redresser la tête avec empressement et lui lancer un regard étonné.

- Je ne doute pas que vous compreniez que je ne souhaite pas qu'on puisse me reprocher de ne pas avoir assez pleuré la mort de votre frère. Je souhaite respecter ce que l'étiquette nous impose et ainsi éviter à nos rivaux d'utiliser un jour ceci contre nous.

Elle parlait pour tous les deux mais à vrai dire ce dernier point la concernait tout particulièrement. Voici bien longtemps que le duché n'avait pas été dirigé par une femme. En vérité, elle n'avait pas même le souvenir d'avoir lu quelque part qu'une duchesse avait dirigé Erzac un jour. Elle devra sans aucun doute se battre pour asseoir son autorité face à des seigneurs récalcitrants. Elle ne voulait pas leur donner de pierres qu'ils ne se gêneraient pas pour lui lancer.

C'est une question qu'ils n'avaient pas eu l'occasion d'aborder avec Arnaud puisque évidemment, la jeune femme n'étant pas amenée à prendre le titre de duchesse, il avait été établi qu'elle deviendrait la nouvelle dame de Mervouinnes. Ils avaient l'occasion de vivre des choses inédites ensemble et cela réjouissait la belle Eléanor dans ce ciel empli de tristesse qu'elle vivait en ce moment. Elle s'accrochait à ces nouvelles perspectives d'avenir comme un noyé à sa bouée tant cela lui apportait du réconfort.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Jeu 19 Mar - 17:30

Il était bon de s'enfouir dans la chevelure de la belle Eléanor, le fruit défendu qui lui avait valu quelques punitions, et qui maintenant, lui revenait sans qu'il ne s'y attende. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin, et la réalité sait revenir vous faucher dans votre moment de bonheur. Ainsi le Duchesse demanda à Thibault de ne point ébruiter leurs fiançailles sous prétexte que son fiancé venait de mourir, et qu'il n'était pas très malin d'étaler leur nouveau bonheur sur un malheur. Il releva aussitôt la tête, d'abord surpris, puis se résigna finalement sous la justesse de sa demande.

"Je comprends parfaitement, nous tairons nos fiançailles le temps qu'il vous plaira, il ne serait pas bon de se mettre à dos le peu de gens qu'il nous reste au moment ou nous devons tous être solidaire. Dès que la bienséance le permettra, et lorsque nous pourrons le faire, alors il sera temps de ramener un peu de joie dans ce monde qui est devenu fou."

Une fête avait toujours été un bon moyen de faire taire une populace mécontente, et cela ramenait de la bonne humeur et des rires, ce dont ils avaient cruellement besoin vu leurs situations. Toujours aussi intelligente qu'elle l'avait toujours été, Eléanor était aussi très terre à terre, réfléchissant aux conséquences de ses actes. Bien qu'élevée pour être une femme, une épouse, et non une dirigeante, on lui avait tout de même inculqué de quoi tenir le titre de Duchesse qu'elle devait avoir en épousant son frère. Sauf que la c'était elle qui devrait diriger ses terres, et non juste suivre en conseillant éventuellement dans l'ombre, du moins si son époux l'avait laissé faire, ce qui n'était pas le cas de tous. Il ne doutait pas qu'elle ferait une bonne Duchesse, et que le sud serait heureux de l'avoir, elle qui avait le sens du sacrifice. En pensant à cela, il avait lui aussi de la chance, elle pourrait sans nul doute l'aider à diriger le sien de Duché, du moins si elle en avait le temps. Thibault ressentait aussi le fait qu'il n'avait pas non plus reçu l'éducation pour devenir un Duc, et cela lui pesait.
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Ven 27 Mar - 11:57
Elle n'avait pas douté un seul instant qu'il comprendrait. Si ces unions étaient avant tout politiques, le fait d'être unie dès son plus jeune âge à l'aîné des Clairssac avait incité la jeune femme à développer des sentiments pour feu son fiancé. Si elle accueillait avec plaisir l'idée d'être désormais unie à quelqu'un avec qui elle s'était toujours très bien entendu et qui acceptait lui également ces fiançailles avec bonheur, elle ne pouvait pour autant oublier les sentiments qu'elle avait développer.

Elle prendrait toutefois soin d'exprimer sa tristesse avec l'élégance que requérait son rang. Étant désormais duchesse, elle ne pouvait se permettre de faire passer ses sentiments avant son devoir. Il s'agissait simplement d'un bonus si elle parvenait à concilier les deux.

Éléanor voyait bien que sa demande ne réjouissait pas son fiancé mais qu'il se résignait à comprendre. L'un comme l'autre avait toujours, par leur amitié fraternelle, tout fait pour se protéger. Éléanor avait plus d'une fois couvert les bêtises de Thibault et ce dernier l'avait souvent défendu de jeunes nobles trop entreprenants avec elle. Ils avaient toujours été solidaires l'un de l'autre et cela n'avait pas changé avec le temps et les années, pour son plus grand plaisir.

Si elle retrouvait un ami, elle découvrait également un coéquipier et un homme qu'elle ne savait pas sentimental. Cette nouvelle facette de son ami n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire.

Eleanor ne réalisait pas vraiment encore combien le Cataclysme avait pu rebattre les cartes de ce petit monde dans lequel jusqu'à maintenant, elle évoluait. Jamais encore elle ne s'était dit que les choses pouvaient tourner ainsi à son avantage mais elle mesurait encore moins combien ces choses pourraient éventuellement un jour se retourner contre elle. Son coeur avait-il parlé trop vite à la place de sa raison ? N'allaient-ils pas aux devant de complexités qu'ils auraient pu s'épargner ? Il fallait dire que jamais encore la situation ne s'était présenté où les deux générations de la famille héritaient au même moment du titre de leurs duchés. Thibault n'avait-il pas raison en proposant de réfléchir à la question de demander à la Reine de faire cesser ce pacte qui aujourd'hui, n'avait plus de raison d'être ? N'allaient-ils pas au-devant des problèmes en se lançant ainsi à corps perdu dans cette aventure avec le feu et l'impatience de la jeunesse ? Seuls l'avenir et leurs choix parviendraient à répondre à cette question. Pour l'heure, la belle dame du sud ne voulut pas même y songer. Elle avait toujours eu un faible pour ce jeune homme qu'elle a toujours connu et elle s'était toujours sentie triste de voir combien sa famille apportait peu d'intérêt à cet ami d'enfance qu'elle connaissait et à qui elle prêtait tant de qualités. Néanmoins la bienséance lui avait intimé de ne rien en laisser paraître ni même de se laisser aller à écouter ce sentiment. Au lieu de cela, elle s'en était fait un ami proche car c'était là tout ce qu'elle pouvait lui offrir. Un cadeau qu'il avait reçu avec plaisir peut-être mais sans véritablement en comprendre le sens ?

Pour l'heure, Eleanor profitait de cet instant, de ces retrouvailles. Était-ce là de l'égoïsme ? Car oui, plus encore qu'elle-même, une autre personne en particulier serait sans aucun doute ravie de voir un visage familier. Malheureusement, ce dernier aura de nombreuses mauvaises nouvelles à lui annoncer. Eleanor gageait que c'était là le triste devoir des survivants.

Elle regarda cet homme à qui elle était désormais liée comme si elle voulait graver dans sa mémoire chacun des traits de son visage, ses habits, son corps, ses mains. Tout ce qui pouvait apparaître sous ses yeux comme lui appartenant revêtait soudainement un intérêt particulier.

- Quels sont vos projets pour votre séjour mon ami ?
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Re: Retrouvailles entre deux couloirs [Thibault de Clairssac] - Jeu 19 Nov - 13:17
Eléanor le dévisageait ouvertement, et il ne se cachait pas d'en faire autant, surtout que dorénavant, ils étaient fiancés, ce qui ne retirait rien au fait qu'il avait été indécent de l'amener en tête à tête dans ses quartiers. Pourtant Thibault s'en moquait comme d'une guigne, étant habitué à subir les critiques et rumeurs, parfois fondées, mais souvent ubuesques qu'on lui prêtait. Il devrait pourtant faire maintenant attention, car même si lui ne s'en inquiétait pas, il était devenu Duc, et plus le troisième fils d'une fratrie où il pouvait s'autoriser des écarts. Mais pire que tout, il devrait penser à la réputation de sa promise qui, de son côté, devrait toujours être irréprochable si elle ne voulait pas pâtir de tout cela. Pour le moment en tout cas, il profitait de l'instant présent, mémorisant la finesse de ses traits, la blancheur de sa peau, sa chevelure cascadant derrière elle, ou encore son odeur, ses lèvres l'invitant à s'en délecter, ses yeux bleus ne manquant pas de le détailler également de son côté.

Le silence qui s'était installé fut rompu par la belle Eléanor qui venait de poser une sacrément bonne question à Thibault. Il ne répondit d'ailleurs pas tout de suite, réfléchissant à la bonne manière de répondre. Enfin, il se dit qu'il était bon de ne pas trop s'avancer, l'avenir étant si incertain, et d'en rester à l'instant présent. Ne lui avait elle d'ailleurs pas demandé ses projets lors de son séjour, donc en ce lieu, en ce moment

"Je dois vous avouer que je n'en avais pas beaucoup jusqu'à vous croiser. Je suis venu au départ pour voir si les rumeurs de la survivance de la Reine était véridique, et pour donner des nouvelles de mon Duché, tout en désirant connaitre le sort de mes parents."

Son entretien avec Adélaïde ne s'était d’ailleurs pas passé comme il l'avait espéré, mais le principal était qu'elle avait acté ses paroles et reconnu comme Duc officiel. Après avoir vu sa mère dévastée, il ne pensait plus qu'à repartir chez lui afin d'aider ses proches laissés à Rochenoire, mais l'apparition de son amie, et maintenant fiancée, venait bouleverser les choses

"Je comptais repartir dès demain pour Rochenoire, mais vous voir change tout. Quels sont les vôtres ? nous pourrions peut être passer du temps ensemble, si cela ne dérange pas ce que vous avez prévu. Et pourquoi pas diner avec ma mère ce soir si cela ne vous dérange pas ? Que diriez vous aussi d'une promenade quand vous en aurez le temps ?"

Après tout ce qui était arrivé, passer du temps avec quelqu'un de que vous appréciez était toujours une chose à laquelle s'accrocher ardemment.
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