Suite à la proposition faite par la souveraine à la jeune duchesse d'Erzac, ordre fut donné d'envoyer au plus vite un messager dans le duché d'Erzac pour y communiquer les ordres communs de la duchesse et de la Reine.

Le messager, un jeune écuyer de la Reine, fut des plus étonné de se voir attribuer l'un des rares chevaux qu'il reste dans les écuries. Ces animaux devenaient un bien rare car il était difficile de les entretenir et surtout de les nourrir. Toutefois, pour des cas d'extrême urgence, une petite partie des anciennes écuries royales avaient été conservées, ne serait-ce que pour évacuer la Reine en cas de danger.

Après 15 jours de voyages plus ou moins hasardeux mais toujours sans encombre, le messager royal fit son entrée dans Wendennis. Le paysage qu'il y vit aurait fait frémir le plus téméraire des soldats. La ville, déjà bien atteinte par le Cataclysme, n'était que ruines. Avec l'épidémie qui sévissait, des corps purulents et pestilentiels jonchaient les routes et les rues de la ville. Il rejoignit tant bien que mal, le château ducal où il n'eut pas de mal à être reçu par la duchesse douairière. Cette dernière, visiblement fatiguée par les épreuves, avait une mine plutôt piteuse mais elle restait élégante et gracieuse. Ses deux plus jeunes filles se trouvaient avec elle. Curieuses de la venue d'un messager de la Reine, elles s'étaient visiblement parées de leurs plus beaux atours, ce qui les rendait quelque peu ridicules. Le messager se retient d'ailleurs de pouffer de rires devant une assemblée aussi importante.

Après avoir fait une révérence en signe de respect, il tendit le plis marqué du sceau de la Reine à la duchesse douairière. Faisant fi de toutes les convenances, les deux soeurs se précipitèrent autour de leur mère pour lire avec elle le pli inattendu.

Outre les banalités d'usage, la Reine les informatique qu'elle avait reçu favorablement la demande légitime d'Eléanor de succéder à son père à la tête du duché d'Erzac. Ce faisant, la jeune duchesse l'avait informée des difficultés rencontrées dans ses terres avec l'épidémie. La Reine conseillait de brûler tous les corps de ceux qui les avaient quitté et de demander à l'évêque de prononcer les formules consacrées. Ce serait selon elle, le seul moyen d'enrayer la maladie qui sévissait, en plus de nettoyer les terres du mal qui les touchaient, à savoir les corps qui pullulaient le long des côtes. Pour ceux qui étaient rejetés par la mer, il faudrait bien sûr utiliser des gants pour protéger les malheureux qui auront pour tâche de les éloigner de l'eau et attendre que les corps sèchent pour pouvoir également les brûler. La jeune Reine souhaitait que ces conseils validés par la duchesse qui avait accepté son concours, permette à Erzac de se remettre du mal qui les touchait. Elle présentait également ses condoléances pour les pertes subies par le duchés et notamment la perte du duc d'Erzac et de son fils.

Quand elle eut fini de lire, la duchesse douairière visiblement mécontente, chiffonna la lettre et donna les ordres appropriés à son connétable qui s'empressa de les transmettre. Elle congédia le messager, lui indiquant qu'elle le remerciait pour son travail et qu'aucune réponse n'était nécessaire. Elle l'invitait à rester quelques jours dans le château ducal, le temps pour lui et sa monture de se reposer.

Plusieurs jours après que les ordres de la Reine aient été donnés dans le duché d'Erzac, l'épidémie commença à reculer. Il put ainsi rapporter la bonne nouvelle à sa souveraine à Fort-Espérance. La duchesse quant à elle était déjà repartie pour ses terres. Elle aura la bonne surprise à son retour de voir ses terres qu'elle avait quittées dans le désespoir, revenir à la vie.