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Un voyage qui semble sans fin | Fabius
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Un voyage qui semble sans fin | Fabius - Ven 15 Mai - 22:07
Sentant la chaleur du soleil levant effleurait son visage, Ermangarde leva le bout de son nez pour en saisir la caresse qui lui était presque maternelle. Ses cheveux blonds et lisses ondulèrent légèrement au mouvement de sa tête tandis que les passants passèrent près d'elle sans la regarder...

Le jour s'était levé il y a peu et tout le village s'éveillait tout comme les bruits qui pouvaient l'accompagner. Arrivée il y a peu, elle avait dormi à quelques lieux d'ici enveloppée dans sa cape contre un arbre et entre deux buissons. La fatigue que lui procura la marche lui arracha un vague bâillement qu'elle cacha du dos de sa main bandée de fines bandelettes de lin. Des herbes fraîches et odorantes dépassées de son tablier de cuir qu'elle s'empressa de mettre dans un compartiment de sa sacoche avant de reprendre la marche.


La jeune femme chercha dans un premier temps une bonne âme qui lui procurerait de quoi constituait une étale de fortune. Se rendant sur la place centrale, elle suivit instinctivement un groupe d'individus tenant de larges corbeilles remplies de vivres pour déboucher sur le marché. Il n'était pas large, mais suffisant pour le nombre d'habitants. Son regard se balada brièvement sur les visages des villageois, puis sur les marchandises présentées. Elle s'approcha de la table la plus proche et demanda à l'homme qui s'y trouvait derrière s'il y avait une sur laquelle elle pourrait vendre ou troquer ses marchandises. Ce dernier la regarda un instant méfiant avant que ses traits se lissent, adouci :


- Ma p'te demoiselle mais oui prenez celle là-bas, elle n'est plus utilisée. J'connaissais le gars, mais l'est parti pour la capitale pensant qu'il serait mieux loti là-bas. Grand bien l'fasse, mais j'suis pas sûr que ce mieux voyez. Les idiots pensent que la reine les sauvera, mais la reine elle a pas trop l'temps j'suis sûr. C'tellement la pagaille encore que personne sait trop quoi faire. Alors vaut mieux survivre et reconstruire. Il s'arrêta songeur avant de reprendre. Vous êtes pas du coin hein ? 

- Oui en effet, je viens de loin. Elle se tortillait les mains ne sachant quoi d'autre répondre. Merci monsieur, je vais m'installer. Si vous avez besoin de soin n'hésitez pas à passer à mon stand.


- Ah c'bien ! Il semblait satisfait.  Les accidents arrivent souvent et ont a toujours besoin d'une main qui s'y connait. Il se gratta machinalement le menton. D'autant plus que ce malapris de Macer s'est encore blessé en maniant l'maillet... Un doigt tout gonflé qui a l'air d'une carotte maintenant. Tenez j'vous l'enverrai. Soyez gentille avec lui, il est un peu beta avec les filles, mais c'bon gars... 


Ermangarde hocha la tête en guise de réponse et se dirigea vers l'endroit qu'il lui avait désigné auparavant. Sans davantage traîner, elle sortit ses herbes et ses ustensiles de sa sacoche avant de commence à les trier et à les écraser avec un mortier et un pilon. Quelques passants regardèrent avec intérêt ce qu'elle faisait et certains finirent par s'approcher pour se renseigner sur ce qu'elle vendait. La jeune femme s'essuya ses mains devenues légèrement vertes sur son jupe alourdi par la poussière des voyages pour leur répondre :


- J'ai des onguents pour les morsures d'insectes, elle désigna des tous petits pots ébréchés de toutes les couleurs et contenances,  des cataplasmes pour des brûlures et des légères blessures, des mélanges pour soulager la fièvre, les maux de ventre, de tête... Elle montra par la suite des petits bouquets d'herbes séchées soigneusement alignés. Si vous avez besoin que je soigne une plaie, je peux vous la traiter et vous la bander aussi...

Voyant la personne qui semblait hésiter, elle la détailla de haut en en bas avant de remarquer une légère entaille dont le sens avait un peu coagulé juste en dessous de son poignet. L'herboriste lui prit alors la main délicatement pour voir si elle n'était pas plus profonde qu'elle semblait.

- Vous êtes blessé. Elle prit de sa poche de tablier un peu de pommade se trouvant dans une tout petit contenant et lui appliqua du bout des doigts en douceur. Et voilà... Vous ne me devez rien ne vous inquiétez pas. Ermangarde hocha la tête comme pour confirmer ses propres dires avant de lui lâcher la main.
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Re: Un voyage qui semble sans fin | Fabius - Sam 16 Mai - 13:38
Pour la première fois depuis bien longtemps, je me suis levé tard, j’ai pratiquement fait une grasse matinée, le chant du coq n’ayant pas réussi à me tirer de mon sommeil. D’habitude je suis réveillée par Perceval Gallick, un géant de deux mètres de haut au crâne rasé et qui occupe la fonction du chef des gardes, pour m’indiquer qu’une personne s'est présentée à l’une des deux entrées du village, très tôt le matin, voir pendant la nuit.

C’est pourquoi, avec l’accord du conseil du village, j’ai délégué cette responsabilité directement aux gardes de faction, il faut dire que depuis quelques jours, les visiteurs se font de plus en plus nombreux. Il s’agit surtout des paysans venus vendre la production de leurs fermes fortifiées non loin d'ici ou des réfugiées, espérant trouver la sécurité à fort Espérance, se plaçant ainsi directement sous la protection de la Reine, Adélaïde Rosamund Elisabeth Estéria, que certaines personnes l’affublent du surnom de la miraculée. Il est vrai que cette qualification lui va comme un gant, car très rare sont les nobles qui ont survécu au cataclysme.

Je suis donc d'excellente humeur quand je sollicite l’aide de mon page, Arthur, devenu orphelin après le cataclysme, c'est sans doute le gamin le plus futé du village. Je revêts ma tenue habituelle, un costume noir, sans symbole particulier, avec les boutons de manchette dorés qui brillent au soleil, le seul signe indiquant que je suis un noble. J’ai laissé ma tenue officielle aux couleurs de ma famille, or et sang, au fond du placard car je dois au maximum éviter de l’abimer, elle est devenue irremplaçable, le village étant incapable de se fournir en tissu de qualité.

Ainsi vêtu, après avoir brièvement échangé sur les derniers évènements avec le Sénéchal Jacques Beauregard, un homme âgé et qui m’a connu tout petit, je sors faire mon inspection journalière des deux postes de garde, situé aux deux extrémités de la route menant à la nouvelle capitale, le village étant entouré d’une muraille faire de bout de bois et d’autres gravât et qui demande un entretien constant pour éviter que des pillards nous attaquent. J’en profite pour leurs rappeler les règles que doit suivre chaque visiteur désirant entrer dans notre communauté, la première et la plus importante est que les armes ne sont pas autorisées, sauf pour les nobles, et que les différents possesseurs de ce genre d’objet doivent les laisser dans un râtelier d’arme, prévu à cet effet.

La seconde est que toute personne étant surprise en train de voler ou de se battre, devra travailler aux champs du village pendant une semaine, avant d’être libéré. Cette décision a été prise, car nous ne pouvons nous permettre de mettre les gens en prison, d’une part car nous n’avons plus ce genre du bâtiment et d’autre part car la nourriture est précieuse et nous ne pouvons pas nous permettre de nourrir des bouches inutiles. Certains membres du conseil avaient proposé des punitions corporelles, comme les coups de fouet ou encore plus sévère, l’amputation d’une main. Personnellement je me suis opposé à cette décision, nous ne sommes plus très nombreux sur notre continent et pour la survie du plus grand nombre, nous ne pouvons pas blesser des gens qui essayent juste de vivre.

La troisième et dernière loi, est la liberté de religion, les adorateurs de l’Ogdione, la religion ancestrale aussi bien que ceux de Vundit sont tolérés et même protéger. Cette mesure a été prise à la suite suite du passage d’un prêtre, Sylvain Blaese, qui s’est présenté comme Moine ermite de ce nouveau courant religieux et qui a séjourné quelques jours dans notre auberge.

Nous n’avons pas mis de règles concernant le meurtre ou le viol car, pour le moment, nous n’avons pas été confronté à ce genre de délit. Si c’est le cas, le conseil du village se réunira et choisira la peine la plus adéquate, mais il y a fort à parier que le hors la loi, ne soit condamné à mort.

Les soldats ayant répondus correctement à mes questions, je peux faire le tour des fortifications, un grand mot pour représenter la clôture qui ceinture le village. Je suis comme d’habitude accompagné de l’habituel groupe d’enfants qui m’amuse par leur babillage et leur envie de faire « comme les grands ». Je leur suis d’ailleurs reconnaissant d’être présent, les naissances après le tsunami et les tremblements de terre ayant été très difficiles, voit fatale aussi bien pour la femme et son bébé, cette génération représente l’avenir d’Esteria.

Je croise Smith, un vieux fermier qui s'occupe de la ferme là plus au nord de mon domaine, visible de la route, puis Jean, à la fois cantonnier et fossoyeur du village, il a un talent unique pour repérer des cadavres à distance, ce qui nous a bien aidé lors des premières semaines. Suivant les consignes de la Reine, nous avons dû brûler les corps de nombreux compatriotes, mais nous avons ainsi évité de perdre encore plus d’habitants.

J’arrive ainsi à la place du village, qui sert de marché, et je remarque aussitôt une nouvelle personne, ce qui n’est pas très difficile dans une communauté regroupant un peu plus d’une centaine d’âme. Elle a dû passer devant Smith ou Wesson, un des deux gardes de faction aujourd’hui et elle occupe maintenant l’ancien stand de Maurice, un ancien habitant, partit en début d’année, persuadé que les Solariens, nom donné aux habitants de ce village, n'allais pas survivre.

Curieux, je m’approche pour la voir soignée Denis, un paysan qui travaille dans les champs de betteraves au sud, et qui s’était entaillé la main avec une houe. La jeune femme indique même que le soin est gratuit, ce qui, par les temps qui courent, est très rare. Les badauds me reconnaissant, se décalent légèrement pour me laisser passer, et arrivé au bord du stand, je lui indique en inclinant le buste, d’une voix amusée par la situation :


Vous ne ferez jamais fortune si vous soignez les gens gratuitement, mais je suis heureux que vous l’ayez fait, le père Denis est un de nos meilleurs ouvriers agricoles.

Voilà, un peu de flatterie pour les gens du peuple ne fait jamais de mal, et après m’être relevé, je me présente :

Je suis Fabius Solar, seigneur de ce village, sauf erreur de ma part, c’est la première fois que vous venez ici .

Je la laisse répondre, avant de lui demander en souriant :

Pendant la pause du midi, je souhaiterais que nous échangions sur votre voyage, les nouvelles sont rares par ici. Je serais à l’auberge « Au repos du voyageur », vous la trouverez facilement, c’est la seule du village.

Sur ces derniers mots, j’attends sa réaction devant ma requête, si elle est positive, je l’attendrai au lieu indiqué.
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Re: Un voyage qui semble sans fin | Fabius - Mar 2 Juin - 21:34
L'homme la remercia copieusement pour sa bonté. La jeune herboriste ne rougit pas malgré ses louanges. Elle trouva même cela naturellement en ces temps durs. Tous n'étaient bien sûr pas du même avis, mais cela ne la préoccupait pas plus vu son côté un peu à part. Elle hocha la tête à plusieurs reprises pour lui montrer qu'elle avait bien reçu ses remerciements avant qu'un homme ne s'approcha pour l'interpeller, le faisant reculer par la même occasion.

- Les gens ont besoin d'espoir. Le monde leur est suffisamment sur la tête pour que je me préoccupe de faire fortune, le reprit-elle presque de façon réprobatrice bien que ce n'était pas sa réelle intention.

Elle pencha légèrement la tête sur le côté tandis qu'elle regardait le nouvel arrivant qui lui avait adressé la parole. Il apparaissait soigné, un bourgeois ou un seigneur qui n'avait pas renoncé à l'ancien temps, accordant encore de l'importance à son apparence. Ses yeux clairs continuèrent de le scruter avec curiosité tandis qu'il se présentait en tant maître du domaine qu'elle en oublia de le saluer comme elle se le devait.

- Avais-je eu besoin d'une autorisation sir ? Si c'est le cas je m'excuse de mettre installer. Elle ne semblait pas inquiète quand elle demanda, mais plutôt désolé d'avoir enfreint les règles si c'était le cas. Je n'avais pas l'intention de nuire à vos marchands.

Elle balaya les étales un peu confuse de s'être imposée de la sorte, même si la plupart levaient à peine les yeux sur elle qui vendait ses herbes et ses pommades.

- C'est bien la première fois en effet et je viens de loin. Ermangarde replaça distraitement une mèche blonde qui ondulait devant son visage avant de reprendre aimablement. Je vous raconterai volontiers ce que voulez savoir... Ainsi midi, répéta-t-elle pour garder en mémoire l'heure à laquelle elle devait ranger ses affaires.

Ermangarde frotta ses mains verdies par les préparations sur son tablier, elle abordait une expression pensive en repensant à son voyage qui semblait sans fin depuis le duché du nord et ses pieds endoloris.

- J'y serais, finit-elle par conclure avant de baisser les yeux lorsque le seigneur se désintéressa d'elle.
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Re: Un voyage qui semble sans fin | Fabius - Dim 7 Juin - 10:08
Je suis satisfait de la réponse de la jeune marchande et après avoir fait quelques emplettes, surtout du tissu pour que mon page, Arthur, puisse repriser les quelques vêtements qui me restent et qui pour certains, font grise mine, je pars en direction de l’auberge. Constitué d’un bâtiment principal et d’une écurie, elle se nommait avant « Le pendu », suite au gibet qui était installé juste à côté. Cet instrument de justice a aujourd’hui disparu et à la demande de mon paternel, se nomme « Au repos du voyageur », ce qui est beaucoup plus vendeur et accueillant.


Une fois la porte poussée je me retrouve dans une pièce plutôt agréable avec un plafond assez haut et plutôt propre dans l'ensemble, ce qui est une toujours bonne surprise dans ses temps troublés. Il fait bon dans le hall, pas trop chaud, car l’immense cheminée capable d’accueillir un porc entier est éteinte, il n’y a plus de viande à cuire. De multiples tables rondes avec les tabourets correspondants sont capables d’accueillir une trentaine de personnes en tout.

À la belle époque, un groupe de musiciens, jouait une musique à la fois douce et joyeuse dans un des coins de la salle, aujourd’hui ils sont tous décédés et l’établissement est bien plus triste sans eux. Heureusement, il y a la serveuse et fille du propriétaire, Jasmine qui met un peu de gaieté dans ce lieu. C’est une jeune femme qui dispose d'une forte personnalité car elle n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, même si ces paroles peuvent blesser les gens. Prenant à cœur son rôle d’ainée, les seules personnes qu'elle protège sont ses deux sœurs jumelles Rose et Hortense, elle a donc appris à manier un couteau, offert par son père, le gérant de l'auberge. Plutôt bien faite de sa personne, sa grande fierté ce sont ses magnifiques cheveux longs, et elle s'amuse à changer souvent sa façon de les coiffer pour les mettre en valeur. Grande et mince, elle a en plus tendance à se muscler depuis qu'elle exerce son métier.

Elle me sourit dès que je rentre et m’installe à ma table habituelle en me demandant :

Enchanté de vous revoir Seigneur, comme plat du jour, nous avons une tarte au chou et aux pommes de terre ou une soupe de légume, que désirez-vous ?

Je lui souris en retour, car si la plupart des gens m’appel par mon titre, la jeune femme le prononce toujours d’une voix moqueuse, comme si elle ne croyait pas vraiment que je puisse avoir du sang noble dans les veines.

Je chasse cette pensée parasite de mon esprit et je me concentre sur le choix culinaire à réaliser. Je commence à être habitué au plat végétarien, notre village réalisant de la culture maraichère, nous avons très peu de viande et quand nous réussissons à en obtenir grâce à la chasse, celle-ci est réservé aux enfants et femmes enceintes. J’espère vraiment que les différents contacts que nous avons lieu avec d’autres communautés proches de notre territoire nous procurerons un peu de diversité, même si la nourriture de cet établissement est relativement bonne.

Je réponds à la serveuse :

Bonjour à vous, Jasmine, j’attends une invité, je vous prendrai donc deux parts de tarte et un pichet d’eau, s’il vous plait.

Je ne demande pas d’alcool, car cela fait bien longtemps que nous nous en sommes servis pour soigner les blessures. Heureusement, nous avons de l’eau à profusion, grâce à notre puits qui n’a pas été contaminé lors du cataclysme, et qui explique à lui seul, la survie de notre village. Je vois mon interlocutrice clignée des yeux lorsque je lui annonce que je ne mangerai pas seul et elle me demande :

Une invité, sire ?

Je commence à être habitué, à chaque fois que je déjeune ou dine ici avec une femme, j’ai droit à la même question, cette serveuse doit se prendre pour ma mère. Ayant reçu une bonne éducation, je ne l'envoi pas paitre et je lui réponds :

Il s’agit d’une marchande itinérante.

Je la vois me regarder droit dans les yeux, d’un air dubitatif, comme si elle ne me croyait pas, avant de partir, sans ajouter un mot. Je soupire devant son attitude que je ne comprends pas et je n’ai pas plus le temps d’y penser car je vois l’herboriste arrivé. Je me lève pour lui montrer ma position, puis je l’aide à s’assoir en lui tenant sa chaise, avant de faire de même. Une fois bien installé, je lui souris avant de lui dire :

J’ai vérifié pour votre patente, il y a bien une taxe à payer, mais le conseil du village a décidé d’en exempter tous les marchands jusqu’à nouvel ordre pour faire venir le plus de commerçants dans notre village, vous êtes donc libre de ce côté-là et vous pouvez rester tout le temps que vous voudrez.

Je lui laisse le temps de faire un commentaire si elle le souhaite avant de continuer :

Je nous ai commandé une part de tarte, j’espère que cela vous convient, si vous préférez de la soupe, n’hésitez pas, je ferai changer votre plat et…

Je suis interrompu par Jasmine qui vient nous apporter nos plats, en profitant pour dévisager mon interlocutrice, puis me regarder avec une expression pensive, avant de repartir, toujours muré dans son silence. Comme d’habitude, je ne fais guère attention à son comportement et après avoir humé la bonne odeur qui s’échappe de l’assiette, je poursuis notre discussion :

Donc vous venez de loin, je ne pense pas que vous êtes originaire du sud, car vous n’avez pas l’accent,reste le nord et l’est, mais cette dernière  région est vraiment trop éloignée. Mais je me rends compte que je parle beaucoup, je vais vous laisser manger tranquillement et nous pourrons discuter après.


Sur ces dernières paroles, je sers de l’eau à ma voisine de table et j’en fais de même avec mon verre, avant de boire, appréciant la sensation de fraicheur qui en résulte. Je profite également du repas, comme prévu, la tarte étant très bonne, je me régale, même si les plats plus sophistiqués du sud et surtout le vin, me manque beaucoup, mais comme aurait dit mon père, il faut faire contre mauvais fortune, bon cœur.
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Re: Un voyage qui semble sans fin | Fabius - Ven 12 Juin - 21:24
Une taverne. Elle avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée en repensant à la dernière fois où elle avait mis pieds dans l'une d’entre-elles. Elle n’aimait pas vraiment ces temples de la civilisation, mais un peu de répit pouvait faire du bien au moral comme aux pieds. Au fond d’elle, la satisfaction de découvrir ce bout de village lui donnait presque des airs innocents, voir naïf. Elle balaya la salle et reconnut l’homme qui l’avait abordé à son stand peu avant. Sans le faire attendre davantage, elle prit place en face de lui et attendit sagement qu’il prenne parole.

- C’est un geste aimable que vous faites aux marchands, répondit la nordienne qui prenait peu à peu conscience de son manque de prudence, j’espère que cela porte ses fruits. Elle inclina la tête en guise de remerciement et croisa ses mains sur ses jambes avant de regarder la nourriture qui se trouvait sous son nez.

Cet audacieux mélange qui l’attendait dans l’assiette mit ses sens en activité, presque autant quand elle élaborait des recettes lourdes en plantes. Elle huma discrètement la douce odeur qui s’échappait avant de se redresser.

- Vous semblez proche de la serveuse, nota tout naturellement la jeune femme d’une voix claire après qu’elle a surpris cette dernière en train de la dévisager, puis de se tourner vers son interlocuteur dans une mine songeuse.

Ce n’était pas le genre de chose qu’on disait à haute-voix, mais plutôt de celle qu’on gardait pour ça pour l’utiliser plus tard, mais la voyageuse tiquait plus qu’autre chose quand elle relevait un fait notable.

- Du nord, précisa-t-elle sans ciller. C’est loin j’en conviens, mais c’bien de là que je viens.

Ermangarde coupa avec netteté une premier morceau de la tarte avant de le mettre en équilibre sur sa fourchette pour le happer avec une certaine dignité. Le tout dans un silence qui pouvait paraître pesant bien que cela n’était pas vraiment son attention. Elle réfléchissait à ce qu’elle pouvait bien apporter d’intéressant à cet homme qui avait pris soin de lui payer un repas dans un endroit chaud. Pourtant elle ne souffrait pas de se refroidir et de tomber malade, le temps de l’est était très clément pour la jeune femme qui avait connu de sombres hivers.

- Nous n’avons pas été épargné. Ni même l’ouest. Personne n’a échappé à ce désastre… Elle baissa un instant son regard, fixant son assiette sans vraiment la voir. Plongée dans ses souvenirs qui lui étaient brutalement montés à la tête, elle avait comme échappé à la réalité, le temps qu’elle ne sache quoi dire. Une vague de froid s’est alors abattue, après que tout ce soit écroulé. Je suis habituée à vivre dans le froid, pas celui du sud, ni de l’ouest, mais du vrai nord. Elle déglutit pour humidifier ses cordes vocales. Ce froid-là a arraché la vie comme des pétales peuvent être arrachées d’une fleur par la main d’un homme. Tout le monde pense à reconstruire ici, au nord on doit composer avec ce nouveau temps venu de nulle part. Pensez-vous que cela à voir avec les dieux ? Hasarda-t-elle pensive. Les hommes, elle employait ce terme comme si elle était détachée de ces derniers, disent que c’est la faute de la reine. Comment une seule personne peut être à l’origine de tout ce malheur ? Je n’y crois pas un seul instant, confia-t-elle sans prendre garde aux opinons possibles de la personne et qui pouvaient enchaîner autant de la colère que de la compassion. Ses yeux d’un bleu translucide se posèrent alors sur le jeune homme, curieuse de connaître son avis.

Elle prit une seconde bouchée et la mâcha lentement, profitant de la douceur tamisée qu’offrait l’auberge pour jeter son regard à droite et à gauche sur les quelques clients qui profitaient des même réjouissances avec appétit.
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Re: Un voyage qui semble sans fin | Fabius - Mar 16 Juin - 21:10
Je souris devant la remarque de la marchande itinérante, espérant que notre initiative commerciale fonctionne, car ce n’est pas vraiment le cas, notre zone reste sinistrée et la plupart des biens s’échangent à Fort Espérance. Mais le conseil du village ne baisse pas les bras, et la personne que j’ai en face de moi est la preuve que des camelots itinérants sont toujours en vie.

Concernant son commentaire sur la serveuse, je me contente de hausser les épaules, autant je comprenais les femmes du sud, autant les femmes de cette région me sont un mystère complet, je préfère donc garder mes distances, de peur de me prendre un mauvais coup. Nous abordons ensuite le sujet principal de notre conversation, la situation dans le Nord, et comme m’avait raconté le sire Thibault de Clairssac, la situation n’est guère brillante.

Pourtant je ne pensais pas que la situation pouvait être aussi dramatique, avec un froid meurtrier, il va être difficile au survivant de penser à l’avenir. Je comprends mieux maintenant la demande du seigneur pour lui livrer des légumes, car cultiver lorsque la température est inférieure à zéro est impossible, le sol étant trop dur. La discussion part ensuite sur un ton plus religieux et j’attends que mon interlocutrice aie fini de parler avant de répondre.

J’espère de tout cœur que la Reine n’y a pour rien, si les Dieux avaient été mécontent de la voir en tant que souveraine de notre pays, ils n’auraient pas laissé le sacre se faire.

Je m’arrête pour prendre quelques bouchées de mon plat, me laissant ainsi le temps de réfléchir avant d’enchainer.

J’ai parlé avec de nombreux prêtres, aussi bien de l’Ogdione que de Vundit et aucun ne m’as jamais fait entendre que sa majesté est responsable du cataclysme. Mais d’un autre côté, les Solar, ma famille, a toujours été de fervent de l’ordre royal et j’ai moi-même fait allégeance à Adelaïde Rosamund Elisabeth Estéria.

Je lui dis ensuite sur le ton de la confidence :

Certaines personnes que j'ai croisées, la nomme même La Miraculée.

Je reprends ensuite sur un ton plus normal :

Bref, je ne sais pas si ce sont les Dieux qui étaient en colère ou si c’est une simple coïncidence si c’est arrivé pendant son couronnement. Je pense que nous ne connaitrons jamais la réalité, le mieux est d’aller de l’avant et de survivre, jour après jour.

Je me rends compte que je vais plomber l’ambiance du repas avec mes remarques et je souris à nouveau à la jeune femme qui me fais face et je change de sujet :

Désolé, je ne voulais pas paraitre pessimiste, vous m’avez beaucoup appris et je vous en remercie. Si vous le désirer, pour le dessert je peux demander des fraises, ce sont les premières à être sorties et même si elles sont encore un peu acides, le goût sucré est bien présent.

Je sais de quoi je parle car j’en ai mangé une pleine caisse hier, j’adore ce fruit. Une fois entendu sa réponse, je fais signe à la serveuse de nous débarrasser, ce qu’elle fait avec une mauvaise volonté évidente, comme si je l’embêtais. Elle renverse même un verre plein et je ne dois mon salut, et celui de mes vêtements qu’en reculant ma chaise d’un seul coup, le liquide passant à quelques centimètres de mon beau pantalon. Évidemment elle ne s’excuse même pas et part sans un mot, ni un regard, me laissant une belle flaque à mes pieds.

Sans me laisser démonter, je me remets à ma place, évitant de marcher dans l’eau et je commence à manger le plat, savourant chaque bouchée. C’est juste dommage que nous n’ayons pas de sucre, mais nous n’avons pas eu le temps de faire pousser de la betterave sucrière, je me console en me disant que l’année prochaine, ce sera surement possible, enfin si le village n’est pas détruit par des bandits d’ici là. Chassant cette idée noire de mon esprit, je reprends :

Vous pourrez rester ici le plus longtemps qu’il vous plaira, le prix d’une nuit à l’auberge que ce soit dans le dortoir commun ou une chambre individuelle est tout à fait abordable et le tenancier est une personne de confiance.

Je n’ajoute pas que Jasmine et ses deux sœurs jumelles y sont pour beaucoup, ces dernières ne supportant les voyageurs indélicats qui perturberais le sommeil de leurs voisins de chambrées.

Si vous décidez de partir, à quelques jours de marche d’ici se trouve Fort Espérance, la nouvelle capitale qui avec ses milliers d’habitants ont toujours besoin d’onguents et de cataplasmes. Le seul problème est que malgré quelques patrouilles de mes soldats, il est encore dangereux de faire la route seule. Je dois me rendre à la capitale dans cinq jours avec un garde pour vendre une partie de notre surplus alimentaire, si vous le souhaitez, vous pouvez nous accompagner.

Il est vrai que nous produisons plus que nous consommons, et même si ce n’est pas grand-chose, je suis sûr que cela peut attirer certains marchands de la capitale, une telle population à toujours besoin de nourriture et nous avons d’excellent produit. Bien sûr si j’arrive à négocier, ce sera au nom du conseil du village qui m’en adonné l’autorisation et l’argent servira à acheter des outils, en attendant que notre forge soit redevenue opérationnel.

De plus, il faudra que j’ouvre un compte chez quelques négociants, je ne vais pas faire le chemin entre ma communauté et la ville la plus importante de tout le continent avec un coffre remplis d’argent ! Ce serais vraiment imprudent de ma part et guère pratique. Cela me rappelle l’histoire que mon père m’avait racontée peut avant que je parte faire mes études de diplomate dans le sud, un intriguant était venu au château et avoir proposé une bourse pleine d’or en échange la trahison de la famille royale. Il l’avait alors jeté dans les escaliers et le malotru couvert de bosse, lui avait alors demandé pourquoi il avait fait cela, un simple non aurait suffi. Mon père lui a répondu, que chaque homme avait son prix et qu’il était trop près du sien.
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Re: Un voyage qui semble sans fin | Fabius - Mar 30 Juin - 14:56
Quelques jours plus tard, un jeune du village de Solar qui avait pour habitude de s'éloigner du village, revient avec un petit trésor dans les bras. Il portait des marchandises qui n'étaient pas inconnues aux villageois. Interrogé par les adultes, le seigneur des lieux fut rapidement cherché.

Le jeune mena le seigneur des lieux et ses hommes jusqu'à la carriole renversée qu'il avait trouvé à quelques lieues du village sur la direction de Fort-Espérance. Aucune trace du propriétaire de la carriole... Sur le bois de l'engin, une marque : celle des Pillards Ecarlates.
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