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Petite visite de passage
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Petite visite de passage - Ven 28 Fév - 18:19
3ème jour - 2ème mois - An 1000

Voici maintenant une semaine qu'Éléanor chevauchait depuis le duché d'Erzac dans le sud du royaume d'Estéria. Sa monture, comme elle-même, était fatiguée et avait régulièrement besoin de repos. Elle ne pouvait pas se permettre de la perdre car sinon, comment rentrerait-elle chez elle ?

Sur la route, toujours le même paysage de désolation : des corps partout, des miséreux, des gens qui cherchent leur proche ou tout simplement où ils se trouvaient. Si elle avait suffisamment confiance et que la personne était isolée, elle n'hésitait pas à l'aider. Pour ceux qui cherchaient un refuge, elle leur indiquait la voie vers le château de Wendenis où ils pourraient trouver refuge. Elle se garda bien de préciser qu'il y régnait une épidémie et reprenait rapidement sa rouge.

La belle héritière du duché du sud était partie pour un long périple mais elle n'avait pas grandement le choix. D'abord parce qu'il lui fallait annoncer à la Reine la mort de son père et de son frère Peter dont elle ne réalisait pas encore l'absence à vrai dire et ensuite parce qu'elle devait réclamer officiellement son titre de duchesse d'Erzac. Toutefois ce n'était rien à côté du plus important : elle devait demander de l'aide à la couronne pour faire face à l'épidémie.

C'était ainsi pleine d'espoir qu'elle se rendait dans les terres de l'ouest. Si beaucoup de ses nuits avaient dû se passer inconfortablement à la belle étoile, elle avait également eu quelques frayeurs. De manière générale, elle n'était pas mécontente d'avoir le poignard de sa mère à la ceinture et n'hésitez pas à le rendre apparent pour dissuader les importuns lorsque son instinct lui disait de se méfier.

Elle avait eu beau s'habiller simplement, peu de gens disposaient encore d'une monture et ne serait-ce que la simple présence de l'animal attirait l'attention sur elle et sur sa condition. Elle avait également prévu des provisions pour la route mais elle ne s'était pas attendue à ce qu'elle soit si longue. Habituellement, les pauses devaient durer moins de temps puisqu'on changeait régulièrement de chevaux mais désormais, les auberges où jadis ils passaient avaient soit été détruites, pillées ou il n'y avait plus aucune monture. En outre, le fait qu'il n'y ait plus de pigeons n'aidait pas puisque toute communication était impossible et le sud était trop en souffrance pour envoyer des hommes au hasard des chemins, porter des messages qui à cause des brigands et des désespérés, n'arriveraient sans doute jamais à destination.

C'est pourquoi d'ailleurs, elle avait insisté pour que sa mère la laisse faire et lui permette de partir pour un si long périple. Elle aurait pratiquement eu plus vite fait d'aller dans le nord qui était plus proche ou à l'est que sur les terres de l'ouest.

Au bout de 5 jours d'un tel périple, elle arrivait pratiquement à destination quand elle croisa des gens qui travaillaient dans des champs, non loin d'un village. Intriguée, elle décida d'y faire halte. Se reposer un peu et se nettoyer du voyage avant de rencontrer la Reine ne lui ferait pas de mal.

Elle s'approcha lorsque l'un des gardes s'approcha d'elle, lance tendue afin de lui demander son identité. Ne payant pas de mine, elle se redressa et fit montre de tout son maintien de sorte que son appartenance à la noblesse puisse se remarquer immédiatement.

- Je suis la fille du duc Constant d'Erzac. Je viens du duché du sud et je souhaite me rendre à Fort-Espérance. Je vois que votre village se porte bien. Est-il possible de disposer de votre hospitalité avant de me rendre chez la Reine ?

J'attendais sa réponse avec patience mais il ne fallait pas trop pousser non plus...
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Re: Petite visite de passage - Ven 28 Fév - 20:48
Miroir, mon beau miroir, qui est le plus beau ? Je pose la question au reflet que je peux voir dans l’eau du seau que je donne à mon cheval, qui s’est fort bien comporté durant le voyage aller et retour chez la Reine. Nous sommes revenus hier avec mes deux gardes et après une bonne nuit de sommeil, je suis à nouveau en pleine forme ! Je me remémore chacune des paroles prononcées par la reine et je me vois déjà en haut de l’affiche, en dix fois plus gros que n’importe qui, mon nom s’étalait sur les parchemins.

Je m’imagine même adulé et riche, cherchant dans la liste celle qui le soir pourrait par faveur se pendre à mon cou. Mais avant çà, il faut d’abord que je finisse de repriser mes chausses qui ont pas mal souffert du voyage, heureusement que je commence à prendre le coup de main, je rentre ainsi dans mon foyer. Je viens d’ailleurs juste de finir quand Arthur, mon écuyer qui est devenu le garçon à tout faire du village, entre après frapper à la porte, la seule qui reste de l’ancien château familial.

Il a l’air essouffler et me dit tout de go :

Une ange véritable est à la porte sud ! Elle a dit qu’elle était la fille du duc de Quezac et demande l’hospitalité !

Je souris devant son enthousiasme, tout en réfléchissant à ce qu’il vient de me dire. Certes je connais le village de Quezac situé à une journée de marche et j'ai déjà rencontré la fille du chef, qui se nomme Gertrude et qui est une matrone de quarante ans, avec une allure de vache, moche comme un pou et manchote, il semble difficile de la prendre pour un ange. De plus, un village est très loin d’être un duché, je suis donc très intrigué et je me dépêche de suivre le messager.

J’arrive donc à côté d’un des champs que nous avons à grande peine fini de défriché et je vois alors la fameuse fille du duché. Je dois dire que l’on dirait en effet un ange, avec une taille fine, un visage délicat et de magnifiques cheveux bruns. De plus elle possède un cheval ! C’est là un véritable miracle qu’il ne soit lui rien arrivé mais quand je vois le poignard bien en vue à sa ceinture, je me dis que je dois avoir devant moi, une redoutable guerrière.

Sa figure me dit quelque chose, je me demande si je ne l’ai pas croisé dans le sud, pendant mes études pour devenir  diplomate. C’est d’ailleurs bizarre car une telle beauté m’aurait littéralement sauté aux yeux et serais gravé dans mon coeur à vie, je décide en tout cas de faire preuve de courtoisie devant cette jeune dame et arrivé à proximité, j’indique au garde :

Smith, vous pouvez continuer votre ronde, je m’occupe de son Altesse Ducale.

Il s’en va tout en me murmurant :

Faite attention, elle dit venir du Sud.

Je reconnais bien là, la méfiance envers les étrangers que le cataclysme n’a pas adoucis, bien au contraire. Je me tourne ensuite vers la noble et je m‘incline comme j’ai appris à faire dans le Sud, avant de me présenter :

Je suis le seigneur Fabius Solar et par ordre de la Reine Adélaïde Rosamund Elisabeth Estéria, j’administre ses terres.

Je me relève en souriant et je lui demande :

Je vous souhaite la bienvenue dans mon village, votre Altesse Ducale, c’est un véritable honneur de vous recevoir et vous pourrez rester ici le temps qu’il vous plaira, puis-je vous demander la raison de votre venue ?

Bien sûr je devrais rester prudent devant une étrangère, mais comme il me semble avoir déjà vu ce visage parfais et qu’elle c’est présenté comme une duchesse, je n’arrive pas à être méfiant, c’est plus fort que moi.
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Re: Petite visite de passage - Jeu 5 Mar - 16:28
Visiblement l'arrivée pour le moins impromptu d'Éléanor avait plongé les quelques survivants de ces terres dans l'excitation la plus complète. La jeune dame remarqua qu'un jeune curieux, un écuyer, était parti en courant, sans doute chercher le seigneur des lieux. Ce dernier ne tarda pas à les rejoindre et ce n'était pas plus mal car elle commençait à prendre en antipathie le garde qui ne faisait que lui envoyer des regards glacials de méfiance et qui persistait à la tenir en joue avec sa lance. Niveau hospitalité on a vu mieux... Le sud, la maison, lui manqua soudain profondément. Les rires, la bonhommie des gens, leur grand sens de l'hospitalité, la chaleur... Tout quoi.

Le seigneur des lieux se montra plus sympathique et plus respectueux que son garde, ce qui rassura la belle dame du sud en effet. Elle ne fut pas mécontente que le garde prenne congés et se retient de s'offusquer de l'affront qu'il lui fit en murmurant à son seigneur en lui jetant un énième regard avant de partir. Quel toupet ! Elle espérait en son fort intérieur que le seigneur de ces terres aurait à coeur de lui expliquer comment se comporter quand il est en présence d'une dame de son rang ! Si Éléanor n'était pas prétentieuse, en revanche, elle appréciait beaucoup le respect de l'étiquette. Elle n'aimait pas qu'on se permette des familiarités envers sa personne sans quelconque sentiment d'intimité partagée avec elle et sans y avoir été invité qui plus est !

Fort heureusement, elle oublia bien vite ce rustre de garde grâce aux manières de son seigneur et se montra particulièrement touchée qu'il maîtrise la révérence du sud, bien plus courbée que celle pratiquée dans les autres duchés, avec le bras tendu vers l'avant pour les hommes et les bras plutôt écarté pour les femmes (afin que ces dames puissent tenir leur robe pour qu'elles ne se salissent pas trop au contact du sol). Éléanor lui répondit par un respectueux signe de tête.

- Merci à vous pour votre accueil. Je suis Éléanor d'Erzac, fille de Constant d'Erzac, duc du duché du sud. Je me rends à Fort-Espérance où mon père m'a dit que la Reine se trouverait sans doute si elle avait survécu au Cataclysme. Je compte lui demander audience pour traiter avec elle de choses de la plus haute importance que la discrétion m'oblige à taire. Voici maintenant plus de 15 jours que je chevauche et mon cheval est fatiguée. Je souhaite prendre quelque repos avant d'arriver dans la capitale si ce n'est pas trop abuser de votre hospitalité.

Éléanor gratifia alors le seigneur d'un sourire des plus aimables avant de descendre de cheval. Elle se disait que la hauteur n'aidait pas à rendre la conversation des plus agréables pour son interlocuteur. En outre, elle ne ressentait aucun besoin de devoir dominer qui que ce soit. Si elle se réjouissait de l'hospitalité que le seigneur local s'apprêtait à lui offrir, elle devait admettre que le voyage l'avait épuisé. Le sud était bien loin des terres de l'Ouest où la Reine avait trouvé refuge.
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Re: Petite visite de passage - Jeu 5 Mar - 22:18
La demoiselle me répond par un gracieux signe de tête qui me dit immédiatement quelque chose et lorsqu’elle se présente comme faisant partie de la famille du duché du sud, j’en ai la certitude, j’ai devant moi la véritable Eléanor d’Erzac ! Je ne peux m’empêcher de sourire encore plus et je lui annonce :

Votre altesse Ducale, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, j’ai eu la chance de fréquenter la cour de Chyrellos en compagnie de mon oncle, le courtisan Malthéus Serventar et j’ai pu vous y rencontrer à quelques reprises.

Le véritable terme serait plutôt contemplé de loin, mais je n’ai jamais été douer pour les nuances, surtout quand la vérité peut me desservir, un des vestiges de mon éducation de diplomate. Dans tous les cas, je peux maintenant me rattraper pour toutes les occasions manquées pour me faire connaître et si je réussis à montrer une bonne image de mon village, ce sera une occasion en or pour faire de ce lieu un endroit important.

C’est pourquoi j’attends sa réponse puis je m’incline donc une nouvelle fois et je lui indique d’une voix que j’espère la plus respectueuse possible :

Si vous voulez bien me suivre, je vais vous amener à la meilleure auberge du village. Mon écuyer prendra soin de votre cheval et je serais très honoré de vous avoir à ma table ce soir. Vous aurez également la meilleure chambre.

Encore une fois, j’arrange un peu les choses, l’établissement est le seul du village, le garçon que j’ai pris comme écuyer est juste un adolescent de quinze devenu orphelin après le cataclysme, sans doute le gamin le plus futé du village et si le soin du cheval sera fait, car Arthur connait cette technique il n’aura que quelques légumes pour toutes pitances et non de l’avoine, car nous n’avons plus de céréale depuis longtemps.

Mais le temps n’est pas au détails triviaux et inintéressantes et je dois m’efforcer d’être le plus avenant possible, même si ce n’est guère difficile devant une telle beauté. Je l’amène donc « Au repos du voyageur », récemment restauré, tout en lui demandant sur le chemin :

Puis-je vous demander comment est la situation dans le sud ? Je l’ai quitté en novembre et je n’ai plus de nouvelle d'une partie de ma famille et de mes proches résidant là-bas.

Notamment celle d’Angel, mon premier amour qui est partit voir de la famille et qui aurait dû rentrer il y a de cela bien longtemps. C’est terrible cette sensation d’être dans le flou le plus total concernant le sort de ses proches, pourtant le fais même que cette jeune femme ai réussis à faire la route depuis cette région, prouve que des personnes ont pu survivre.
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Re: Petite visite de passage - Mer 11 Mar - 18:32
Lorsque le seigneur Solar évoqua des études en diplomatie dans le Sud, Éléanor écarquilla les yeux de surprise. Comment était-il possible que le monde soit si petit pour qu'elle rencontre après tant de chaos quelqu'un qui avait connu ces terres qu'elle aimait tant ?

Lorsqu'il lui demanda si elle se souvenait de lui, elle devait admettre que le visage de cet homme ne lui disait vraiment rien. En même temps, la cour du duché d'Erzac avait toujours eu pour habitude d'être un lieu de rencontres, où beaucoup de monde se trouvaient réuni. Comment aurait-elle pu faire attention à quelqu'un plus qu'à un autre, d'autant plus quand elle était déjà promise depuis sa plus tendre enfance à quelqu'un ? Elle ne voulait pas être tentée du coup, elle ne regardait pas. Toutefois comment apporter une réponse suffisamment diplomate au seigneur Solar qui semblait attendre beaucoup de sa réponse ? Elle ne voulait pas lui mentir et encore moins le décevoir.

https://esteria.forumactif.com/t114-retrouvailles-entre-deux-couloirs#284- La cour de Chyrellos était bien remplie. Malheureusement, j'ai pu vous louper, vous m'en voyez fort désolée. Le choses ont tellement changé en plus aujourd'hui... Je dois admettre que ces changements occupent aujourd'hui toutes mes pensées.[/color]

Alors qu'elle le suivait vers une petite auberge qui soit avait fait l'objet de restaurations sommaires, soit avait tenu malgré tout ce chaos, Éléanor dû faire face à la pire question que l'on puisse lui poser actuellement.

- Je suis au regret de ne vous apporter que des mauvaises nouvelles du Sud. Tout a été détruit chez nous. Le château ducal de Wendennis est tombé sous les séismes. Il n'en reste plus que l'aile ouest où nous résidons désormais. La mer désormais lèche les abords du château et nous sommes en proie à une épidémie de peste. Les survivants du Cataclysme meurent sous la maladie.

Elle se garda toutefois d'évoquer la perte de son père ainsi que de son frère. Il pourrait être dangereux de dire au premier venu qu'elle est l'héritière du duché. On ne sait jamais, autant rester prudent. Toutefois, elle avait bien pu constater tout le long de sa route que la situation était semble-t-il la même partout malheureusement. Elle n'avait aucune idée des plans de la Reine pour améliorer la situation mais du fond de son coeur, elle espérait qu'elle aurait une solution à lui offrir.

Espérons qu'il trouve cela bien naturel.
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Re: Petite visite de passage - Mer 11 Mar - 22:45
Je soupire silencieusement quand la très jolie jeune femme m’indique qu’elle ne m’a jamais remarqué, mon ego en prends un sacré coup, et je pense un moment à me remettre sérieusement en question. Mais je me contente de hausser les épaules, car comme aurait dit mon père, ce qui est fait, est fait et demain est un autre jour. De plus la seconde réponse concernant la situation dans le sud est encore plus déprimante.

C’est en effet une terrible nouvelle, jamais dans mes hypothèses les plus pessimistes j’aurais imaginé que la mer soit aller aussi loin à l’intérieur des terres et maintenant les plus belles cités du continent sont sous les eaux avec leurs millions d’habitants. Et voilà que les survivants sont atteints de la terrible maladie qui corrompt les corps, la Peste !

Heureusement que la demoiselle ne présente aucun symptôme, mais il faudrait que je sois bien plus précautionneux à l’avenir, je ne peux pas laisser un charmant minois mettre en danger la centaine d’âme qui sont rassemblé ici. Ne voulant pas paraitre malpoli en restant silencieux, je me force donc à sourire avant de lui dire :

Je vous remercie pour toutes ces nouvelles. J’espère que la situation va s’améliorer rapidement et que cette terrible afflictions sera vaincu.

Je pense ensuite à ce que ma dit ma suzeraine et je ne peux m’empêcher de lui dire :

La Reine m’a donné un très bon conseil, que j’ai immédiatement appliqué ici, brûlé tous les corps de façon à éviter toute contamination, d’après les prêtres, leurs âmes ne seraient pas atteintes.

Je me rends compte que je parle beaucoup et que ce n’est pas la chose à dire à une jouvencelle, et je fini rapidement sur ce sujet :

Désolé, votre Altesse Ducale, je suis sortit de mon rôle d’hôte et je m’excuse de vous avoir importuné. Nous sommes arrivés devant l’auberge, c’est la famille Meunier qui gère cet endroit et ils seront ravis de vous accueillir comme il se doit. Je vous propose de vous y rejoindre pour diner lorsque la nuit sera tombée.

Sur ces derniers mots, j’attends la réponse puis je pars faire un dernier tour de l’enceinte afin de m’assurer que tout est en ordre pour les rondes nocturnes. Une fois cette dernière tâche effectuée, je vais devoir me préparer pour le repas, ce sera la première fois que je dîne en tête à tête avec une duchesse, il faut que je fasse bonne impression. Le but est que maintenant, elle se souvienne de moi, au moins un peu.
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Re: Petite visite de passage - Sam 25 Avr - 16:52
Eleanor vit rapidement les traits du seigneur Solar s'affaisser, comme si ces nouvelles provoquaient une immense tristesse en lui. Il lui semblait pourtant être un homme relativement jovial et cela l'affligea encore plus que de lui avouer qu'elle ne l'avait pas remarquer jusque là.

Peut-être y avait-il une autre raison que le souvenir de son amour pour les terres d'Erzac où il avait passé ses études ? Eleanor ne se permit pas de creuser la question qui pouvait peut-être prendre une dimension trop intime et personnelle pour une première rencontre.

Elle écouta son conseil avec attention et le remercia d'un signe de tête, plongée dans ses pensées. Cette idée pourrait en effet fonctionner. Elle se demandait pourquoi ils n'y avaient pas pensé plus tôt. Peut-être que les malheurs dans lesquels elle et sa famille avaient été plongés ces derniers temps, n'y étaient pas étrangers. Elle avait été tellement affectée par la mort de son père et de Peter, ainsi que par la paranoïa que développait sa mère, surprotectrice envers eux, qu'elle n'avait pas pris le temps de réfléchir aux choses. En outre, si elle n'avait pas eu tant peur que ses soeurs ne viennent usurper son titre ou s'en prendre de nouveau à elle, elle aurait pu prendre le temps de trouver une solution plutôt que de courir dans tout le royaume pour se faire reconnaître comme successeur de son propre père.

- J'espère également que ce fléau sera rapidement derrière nous. Je vous remercie du conseil mais j'imagine que nous aurons l'occasion de nous entretenir de la question avec sa Majesté. Je n'oublierai pas en tout cas de lui glisser un mot sur votre hospitalité et votre gentillesse.

Sur ces mots, ils arrivèrent devant la petite auberge dont il lui avait parlé. C'était bien loin des lieux confortables et luxueux qu'elle connaissait d'habitude mais c'était bien mieux que de dormir à la belle étoile au risque de se faire attaquer dans son sommeil.

- Oh non, bien au contraire, ne vous excusez pas, votre compagnie est des plus agréables. Je serai ravie de partager votre table au dîner, c'est fort aimable de votre part et je vous remercie pour votre hospitalité. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps et si vous me le permettez, je vais me reposer un peu, je suis fatiguée.

Sur ces mots, à son invitation, j'entrais dans l'auberge où le patron me proposa de suite de me mener vers ma chambre. Visiblement, on avait fait les présentations avant car il m'appela immédiatement "Votre Grâce" en faisant des courbettes assez disgracieuses et maladroites. Le tout donnait un aspect plutôt comique mais je ne me départais pas d'un charmant sourire, cachant ainsi le fou rire qui me gagnait. Il me confia la clef de ma chambre en s'excusant que ce soit si modeste pour une duchesse. Je le remerciais poliment et le rassurais que sa chambre était des plus agréables et que son hospitalité me touchait beaucoup. Il m'indiqua l'heure à laquelle le dîné serait servi et à peine la porte fermée derrière moi, je posais mon seul sac et m'affalais sur le lit.

On vint la réveiller pour lui annoncer que l'heure du dîner était arrivée. Une femme se faisant toujours attendre, elle profitait alors pour faire une rapide toilette et revoir sa coiffure pour en faire un délicat chignon et laisser quelques mèches éparses tomber, mettant ainsi en valeur son port de tête. Seule la rose que sa mère lui avait offerte ornait son cou. Rien d'ostentatoire. Elle quittait également ses habits de voyage pour enfiler la robe jaune qu'elle avait prévu de porter pour rencontrer la Reine le lendemain lors de son audience. Elle était simple mais suffisamment élégante pour l'occasion. Elle ferait amplement l'affaire.

La future duchesse descendit ainsi les marches menant vers une salle d'où un brouhaha joyeux émanait. Les paysans et volontaires qui avaient travaillé aux champs toute la journée venaient se changer les idées et s'amuser avant de prendre une bonne nuit de sommeil. Elle s'arrêta en bas afin de chercher son hôte du regard. A mesure que les regards se posaient sur elle, elle ne put s'empêcher de remarquer que le brouhaha s'amenuisait pour laisser place à un profond silence qui la mit immédiatement très mal à l'aise. En avait-elle trop fait ? Elle n'avait pas grandement l'habitude de ces occasion alors elle avait fait au mieux mais c'était peut être trop ? Croiser le regard familier de son hôte la rassura et lui donna du courage. Elle s'avança vers sa table et, attendant d'être invitée à s'asseoir prononça avec politesse :

- Je vous prie d'excuser mon retard.


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Re: Petite visite de passage - Ven 1 Mai - 17:06
C’est ce qui s’appelle faire une véritable entrée et je dois avouer que je suis un peu jaloux. Arrivé cinq minutes avant l’heure du diner, habillé avec les vêtements les plus propres que j’ai, aux couleurs de ma famille, or et sang, qui ressemble plus maintenant à du jaune et rouge, je pensais faire forte impression auprès du bas peuple qui n’a guère eu l’habitude de me voir ainsi. J’étais sûr que les gens allaient se retourner à mon passage, comme lorsque j’étais à la cour du Sud et que j’aurais droit aux sourires des dames.

À la place, les habitués de l’auberge m’ont brièvement regardé avant de continuer leurs affaires, ne m’accordant aucune attention, comme si je faisais simplement partie du décor, comme une table ou une chaise. Au début je ne m’en suis pas formalisé, ce ne sont que des paysans dépourvus de toute éducation, mais quand la duchesse d’Erzac fit son entrée, leurs réactions fut bien différente. Pourtant je l’ai déjà vu, à la cour du royaume du Sud, avec des robes beaucoup plus sophistiquées et des parures de bijoux qui valaient à elles seules le prix d’une ville. Mais même avec sa mise beaucoup plus simple, elle reste une noble, d’un rang bien supérieur au mien et cela se voit immédiatement, même les roturiers l’ont bien compris et la regardent avec admiration, comme un véritable ange tombé du ciel.

Je me lève de ma chaise pour l’accueillir et je l’aide à s’assoir, avant de faire de même, la jeune femme s’excuse même de son retard, et je lui réponds en souriant :

Pas de problème, je viens d’arriver.

Bien sûr, c’est un mensonge, mais j’ai en face de moi, une femme magnifique, dont la famille, dirigeai, il y a peu, la région la plus puissante du Royaume, cela fais deux très bonne raison d'être le plus diplomate possible devant cette jeune personne.

Je vois la serveuse et aussi fille du propriétaire des lieux, Jasmine Meunier, qui s’approche pour nous servir l’habituel bol de soupe de légumes. C’est une jeune femme qui dispose d'une forte personnalité car elle n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, même si ces paroles peuvent blesser les gens. Prenant à cœur son rôle d’ainée, les seules personnes qu'elle protège sont ses deux sœurs jumelles Rose et Hortense, elle a donc appris à manier un couteau, offert par son père, le gérant de l'auberge. Plutôt bien faite de sa personne, sa grande fierté ce sont ses magnifiques cheveux longs, et elle s'amuse à changer souvent sa façon de les coiffer pour les mettre en valeur. Grande et mince, elle a en plus tendance à se muscler depuis qu'elle exerce son métier. Cette dernière dépose la nourriture devant nous, les deux récipients dégageant une bonne odeur, toutefois, je ne peux m’empêcher de m’excuser de présenter un repas si banal à une aussi noble personne et je lui indique :

Nous sommes dans un village de maraicher et nous ne cultivons que des légumes ici, je suis désolé de ne pas pouvoir vous proposer de viande mais tout notre bétail à péris lors de l'évènement.

Je la laisse gouter la soupe qui est un mélange assez équilibré des diverses variétés locales que nous cultivons ici, en pleine terre, avant de lui demander :

Venir jusqu’ici seule a sans doute été difficile, votre fiancé, Arnaud de Clairssac, n’a pas pu vous accompagner dans cette dangereuse expédition ?

Je pose cette question sur un ton léger, mais je sais que les implications de sa réponse risquent d’être très important, le mariage entre les deux ainées de chaque famille étant le moyen qui avait permis de préserver la paix entre les deux duchés d'Erzac et de Mervouinnes depuis plus d’un millier d'années. Donc si, comme je souhaite, la stabilité revient sur notre beau pays, il est important que cette tradition soit conservée, car comme dit mon père : « la plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu'elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition comme la tradition a surgi du progrès ».

Jasmine:
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Re: Petite visite de passage - Jeu 10 Sep - 10:15
Fabius Solar a écrit:
Pas de problème, je viens d’arriver.

Éléanor sourit poliment à cette réponse. Elle se doutait que ce n'était pas vrai et que cela faisait quelques temps que le seigneur Solar était à table. Toutefois elle n'en dit rien. Durant son enfance à Erzac, elle avait été habituée à ce genre de situation. Elle devait avoir pas plus de 10 ans et avait demandé alors à son père pourquoi les gens mentaient comme ça. Ce dernier lui a alors expliqué que c'était une question de fierté. Le fait que nous soyons des gens importants fait qu'ils font attention à leur présentation. Être ponctuel fait partie des éléments donnant une bonne première impression d'eux-mêmes. Ce faisant, certains préfèrent être en avance pour être certain de ne pas offusquer quelqu'un d'important en étant en retard. Cela évitait de faire perdre le temps à quelqu'un d'important, ce qui peut avoir de fâcheuses conséquences. Éléanor avait alors écouté sans trop comprendre au début. Avec l'expérience, elle comprit mieux pourquoi et ne s'offusquait plus de ces menus mensonges qui lui étaient faits. C'était une question de politesse et de fierté. C'est là tout ce qui était à savoir.

Elle regardait son interlocuteur alors qu'une jeune fille déposa leur dîner sur la table. Il n'y avait là que des légumes mais à vrai dire, c'était déjà un festin par rapport à ce qu'elle avait pu manger durant ce mois de voyage.

Fabius Solar a écrit:
Nous sommes dans un village de maraicher et nous ne cultivons que des légumes ici, je suis désolé de ne pas pouvoir vous proposer de viande mais tout notre bétail à péris lors de l'évènement.

- Je vous en prie, ne vous excusez donc point de la sorte. Avec les temps qui courent, nous sommes déjà bénis des dieux si nous parvenons à manger à notre faim tous les jours. Ce dîner est parfait. Espérons que le temps nous permettra petit à petit de garnir de nouveau nos assiettes de mets que nous avons jadis connus et qui satisfaisaient tellement nos papilles.

Elle savourait avec délice ces mets qui venaient de la terre et qui n'étaient que le reflet d'un dur labeur collectif. Elle était impressionnée par la capacité qu'avait eu le seigneur Solar à s'en sortir dans tout ce chaos. Elle espérait pouvoir en faire de même dans son duché en s'inspirant de ce qui se faisait ici.

Fabius Solar a écrit:
Venir jusqu’ici seule a sans doute été difficile, votre fiancé, Arnaud de Clairssac, n’a pas pu vous accompagner dans cette dangereuse expédition ?

À l'évocation de son fiancé dont elle n'avait eu pour le moment aucune nouvelle, elle posa sa cuillère dans son assiette et fixa du regard le jeune seigneur Solar. Elle n'avait aucune colère, même s'il n'était pas très poli de sa part de parler de choses si intimes avec une inconnue. Elle passa outre. Les temps avaient changés et sans doute que les mœurs et habitudes devraient le faire également. Elle ne cacha pas sa tristesse à l'évocation d'Arnaud mais elle tient à répondre.

- Je crains que les temps ne soient difficiles pour tout le monde malheureusement. Depuis le Cataclysme, je n'ai eu aucune nouvelle en provenance du nord. J'espère que sa Majesté la Reine pourra m'en apprendre plus.

Elle se contenta de dire cela sans plus entrer dans les détails. Bien sûr le seigneur Solar, comme beaucoup de nobles, n'ignorait pas les tenants et les aboutissants des accords faits entre les deux familles ducales. La guerre avait tellement ravagée le royaume que chacun s'en souvenait, même des siècles après. Les récits des exploits des grands guerriers qui s'étaient affrontés qui étaient jadis des chansons faites pour égayer les marchés et les foires, sont devenus aujourd'hui de véritables légendes.

Elle reprit sa cuillère et continua à profiter de son dîner en silence pendant quelques secondes avant de reprendre la parole. Afin de changer de sujet mais également d'en apprendre plus, elle préféra s'intéresser un peu plus à son interlocuteur.

- Seigneur Solar, ce que vous avez fait sur vos terres est vraiment remarquable. Pouvez-vous m'en dire un peu plus ? Comment avez-vous géré les choses depuis le Cataclysme ? Avez-vous connu vous aussi la maladie ?

Elle reposa une nouvelle fois sa cuillère pour écouter avec attention la réponse de l'homme qui lui faisait face. Elle ne prêta pas une grande attention à la jeune fille qui vint les servir en eau mais la remercia tout de même avant qu'elle ne quitte leur table, assortissant sa parole d'un délicat sourire sincère.
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Re: Petite visite de passage - Jeu 10 Sep - 22:23
Je suis surpris que la jeune noble accepte de si bon cœur ce repas qui est très loin de ce qu’elle devait avoir l’habitude de manger et cela me permet de formuler deux hypothèses, soit j’ai devant moi une personne qui sait extrêmement bien s’adapter à la pauvreté, ou alors il y a vraiment un problème dans le sud, nous parlons quand même d’une des familles les plus importantes du Royaume, ils ont dû conserver quelque chose de leur colossale fortune.

Sa question sur son fiancé qui était loin d’être innocente, l’a fait réagir de manière que je n’avais pas anticipé, je la sens attristé par l’absence de nouvelle de son fiancé, ce qui est bien compréhensible. Encore une fois, le manque de moyen de la famille Ducale me surprend, ils n’ont même pas la possibilité d’envoyer un coursier dans le Nord.

J’avais imaginé que cette chevauché en solitaire était un acte d’inconscience d’une jeune femme, mais je commence à comprendre qu’elle n’avait pas le choix. Que s’est-il passé pour passer de la gestion d’une région de plusieurs millions d’habitants à rien ? Mettant cette question de côté, je continue à manger, ne voulant pas manquer un seul repas, et en plus, j’ai très faim. En plus, pour la première fois depuis longtemps, la taverne est silencieuse, d’habitude il y a des rires, des concours de pet et des cris, mais là, c’est très calme et je savoure ce moment.

A ces propos sur la Reine, je ne peux qu’acquiescer en lui indiquant :


Sa majesté doit surement être la personne ayant le plus de connaissance de tout le Royaume et je ne doute pas qu’elle pourra vous aider.

C’est en tout cas l’impression qu’elle m’a donnée et Fort Espérance est de loin, la ville la plus importante en termes de nombre d’habitants que j’ai croisés pendant le cataclysme. De plus je suis persuadé qu’elle a déjà envoyé de nombreux messagers à travers tout le royaume pour en apprendre le maximum sur l’état des cotoyens. Je suis tiré de mes réflexions par un compliment de la charmante jeune femme qui me fais face et je ne peux m’empêcher de sourire jusqu’aux oreilles. Je fais bien sûr le modeste :

Je n’ai pas fait grand-chose, ce sont les gens d’ici qui ont réalisé un travail remarquable et je les aidé dans la mesure de mes moyens.

Bien sûr ce n’est complètement exact, j’ai évité pas mal de dissension, voire même de session grâce à ma diplomatie et si le village est resté à peu près soudé, c’est parce que j’ai passé mon temps à jouer les médiateurs et que j’ai assuré la sécurité avec les hommes qui me sont resté fidèle. Mais c’est un point de détail et je préfère enchainer sur le reste de ses questions :

Nous avons eu beaucoup de chance, les terres d'ici ont toujours été fertiles et nous avons sauvé assez de semence pour replanter cette année, nous évitant ainsi la famine. Il y a eu très peu d’attaque de pillards, de nombreux soldats sont restés et ont accepté de m’obéir. Pourtant malgré toutes ces précautions, ma ville a perdu les neuf dixièmes de sa population, passant de mille à cent habitants.

Je m’arrête un petit moment, essayant de ne pas me souvenir de tous ces morts :

Pour éviter les maladies, nous avons aménagé seulement cette espace, laissant le reste de la cité, comme vous l’avez vu, complètement à l’abandon. Mais cela n’a pas suffi et les quelques personnes chargées de cette sinistre besogne sont tombé malade, et nous avons dû les isoler. Presque tous sont morts peu de temps après mais leurs sacrifices n’a pas été vain, et maintenant nous n’avons pratiquement plus de décès. De plus, nous avons la bénédiction des dieux, car notre rebouteuse Jeanne, est une personne fort capable, qui connait les plantes et sait réduire les fractures.

Je me rends compte, que comme à mon habitude, j’ai beaucoup parlé et je m’en excuse auprès de mon invité :

Pardon si j’ai été trop long dans mon explication. Vous avez dû avoir une journée éprouvante et je ne veux pas abuser de votre gentillesse en vous forçant à m’écouter. Avez-vous d’autres questions ?

Je souris en prononçant ses derniers mots, bien sûr j’aimerais rester en compagnie de cette somptueuse créature, mais comme avec la reine, tout un monde nous sépare.
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